Le meilleur des mondes, de Aldous Huxley

« Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu’on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n’arrive pas à la cheville de l’instabilité. Et le fait d’être satisfait n’a rien du charme magique d’une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d’un combat contre la tentation, ou d’une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n’est jamais grandiose. »

Il y a près d’un siècle, Aldous Huxley imaginait une société où tout se fabrique et se consomme, y compris les êtres humains et le bonheur. Une société dans laquelle les hommes sont créés dans des flacons puis conditionnés afin d’être mis là où on les veut, dans l’une des castes de travailleurs choisie avant même leur création, illustrant un eugénisme poussé à l’extrême. Une société où règne la stabilité grâce au conditionnement et à la drogue. Plus d’art, d’amour ou de libre arbitre, tous les vecteurs d’une instabilité potentielle ont été écartés pour que règne un équilibre universel.

A plusieurs reprises, j’ai dû me forcer à me rappeler que ce livre avait été écrit en 1931 tant les visions de l’auteur trouvent un écho dans le monde d’aujourd’hui.

Ici, on voit les dangers des dérives des sciences et des technologies, même sous l’influence de bonnes intentions. A vouloir vivre dans un monde parfait dans lequel tous les hommes seraient heureux, ces mêmes hommes n’ont fait que créer un réseau de clones sous anti-dépresseur, sans âme et sans sentiment, évoluant dans un environnement parfaitement contrôlé, lisse et aseptisé.

Il m’aura fallu m’accrocher pendant les premières pages que j’ai trouvé vraiment laborieuses, mais ensuite, le récit est fluide et efficace. Mais ce n’est pas tant le style qui m’a plu, que l’histoire et la réflexion qu’elle entraîne. J’ai vraiment adoré cette lecture et je vais très rapidement la compléter par Retour au meilleur des mondes, mais elle est un peu à part. Je ne la mettrai pas dans mes coups de cœur mais pourtant je m’en souviendrai et je la conseillerai. J’ai l’impression que c’est un de ces livres qu’on ne referme jamais vraiment tant il fait réfléchir, discuter et se poser de questions. C’est donc une vraie belle surprise pour moi (oui, je vous avoue que j’y allais un peu à reculons… Le genre « roman d’anticipation dystopique » ne me parlait pas vraiment mais maintenant, c’est décidé, je vais définitivement arrêter de regarder à quel genre littéraire appartiennent les livres avant de les avoir lus. Je m’en fais de fausses idées et ça me fait passer à côté de trop de très bons écrits).

D’ailleurs, ça vous fait ça aussi ? Un genre dont vous n’avez pas l’habitude peut vous bloquer ?



4 commentaires sur “Le meilleur des mondes, de Aldous Huxley

  1. J’ai aussi beaucoup aimé cette lecteur, comme toi, pas tellement pour l’intérêt de l’histoire mais pour les réflexions qu’il apporte. C’est un sujet très actuel et pourtant le livre est vieux, le mec était vraiment un génie !

    Aimé par 1 personne

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