
📚 Résumé de l’éditeur:
Dans le titre qu’il donne à ses souvenirs Nick Gillain se définit comme un Mercenaire. Dans son esprit, cela n’a rien d’une insulte. Car ce mercenaire devra déjouer les gardiens de trois frontières et un accord international de non-intervention pour se rendre en Espagne, combattre de façon désintéressée au sein des Brigades Internationales – et en revenir.
Partant de là, le lecteur pourrait s’attendre, encore une fois, à un témoignage romantique, idéaliste et gauchisant. Tout au contraire : dès que Gillain met le pied en Espagne, il est emporté dans le tourbillon de la guerre moderne. Il est pris aussi dans l’engrenage idéologique et policier du communisme, jusqu’au point où il réalise qu’il devient impossible de lutter efficacement contre l’armée rebelle de Franco, mieux organisée.
La conclusion qu’il en tire est que la conduite des opérations militaires doit être dissociée des options politiques. Mais ce n’est là qu’une partie du tableau. Ces souvenirs fourmillent de détails émouvants, d’anecdotes poignantes, pour faire le portrait d’un système en désintégration. C’est un livre qui porte en lui la désolation, mais aussi une grande part de ressentiment, après une immense déception. Car tels sont, loin des clichés, les bagages que son auteur emporte dans ses combats pour survivre – et dans sa fuite, inéluctable, hors d’Espagne.
🖋 Mon avis:
De la guerre d’Espagne, je ne connaissais que les récits un peu arrangés et mille fois répétés de ma grand-mère et de ma Tita, sa sœur. J’en savais les contours un peu flous, les kilomètres à pied pour fuir Franco, la peur et le bruit des avions. Je n’en connaissais presque que les émotions.
Et puis, grâce à une masse critique de Babelio et aux éditions Interfolio, j’ai pu lire Le mercenaire. Il s’agit du carnet de route d’un brigadiste belge depuis son départ pour l’Espagne jusqu’à sa fuite forcée. C’est un récit court mais chargé en informations, il en est même presque froid et chirurgical. Mais j’y ai appris la guerre vue de l’intérieur, ses exécutions pour l’exemple, ses dissensions au sein d’un même camp, l’alcool, les désertions et l’injustice. Nick Gillain nous parle des « lâches », des problèmes d’organisation, de la difficile cohésion, mais survole les relations humaines profondes. Je l’ai senti loin des hommes alors que je m’attendais à trouver des amitiés, ou tout du moins des relations, fortes. Ça ne m’a toutefois pas empêchée d’apprécier ma lecture, même si j’attendais quelque chose de moins factuel et de plus intime et profond. Je ne sais pas si l’auteur s’est assigné à un certain détachement (bien qu’on le sente plus impliqué à certains moments), ou bien s’il était simplement peu enclin aux relations amicales, mais on ne sait pas grand chose des hommes qui l’entouraient.
Ce que j’en garderai, c’est que ce n’est pas un roman, ce n’est pas une histoire. C’est son histoire. Et même si je l’ai trouvée un peu sèche, elle reste un morceau de celle avec un H majuscule. Nick Gillain l’a vécue et la raconte sans fioriture, en n’en gardant que ce qu’il a choisi. Et maintenant, ce récit s’ajoute à celui de ma famille et me permet de commencer à lever un peu le flou que j’avais toujours laissé autour.