
📚 Résumé :
Judith et Yann s’aiment depuis cinq ans. C’est long et très court à la fois cinq ans. Le temps qui passe sur les êtres comme par mégarde, léger et doux. Et puis un soir, quelque chose dans l’air, infime. Rien n’a changé et pourtant… Chez Judith, un sentiment d’urgence. Leur histoire réclame sa part de vérité. Un projet. Un départ.
Si on partait à la mer ? Elle emmènera Yann là-bas, dans la maison du bord de mer, La Gatière, ce lieu de l’enfance qu’elle n’a jamais ouvert à personne. Ni à lui, ni à aucun autre homme. À Yann, elle donnera cette part d’elle-même jamais dévoilée. À leur histoire, une preuve… Face à la mer, face à eux-mêmes, un cap à franchir. Se gagner ou se perdre. Je partirai, je pars toujours, c’est l’histoire des mots qu’on prononce le premier soir, qui donnent le ton, annoncent la couleur… l’histoire déjà écrite avant d’avoir commencé.
🖋 Mon avis :
Les phrases sont courtes, comme des coups de pinceaux. Un portrait, celui d’une femme, de son couple. Une ambiance. Ça y est, Sylvia Rozelier m’a encore enfermée dans ses pages.
Des miettes sur une table. Ce n’est rien et pourtant, là, en cet instant précisément, pour Judith, c’est autre chose, c’est tout. Des miettes. Est-ce ce qu’il reste d’eux, d’elle ? L’amour, la passion, ça se consomme ? Ressource épuisable, digérée par le temps, la vie, chacun. Comme l’enfance et ses rêves, sa folie, son innocence. Est-ce écrit d’avance ? Un coup d’éponge et c’est fini ? Il ne faut pas que ça reste comme ça. L’amour, ça se mange ? Et après ? Des miettes sur une table.
Judith voulait autre chose, un début d’amour qui resterait, mais le temps fait son oeuvre, la vie aussi. Les corps s’aiment encore mais les coeurs fatiguent. Parfois, être en phase ça ne dure pas. On se désynchronise. On se désaccorde. Alors partir, à la mer, vers celle qu’elle était et qu’il n’a pas connu, vers cette enfance qu’elle a toujours gardée pour elle, sans lui. Une solution, un espoir, un peut-être.
Se retrouver dans sa grotte, au manoir, cet endroit réconfortant qu’elle aime tant, avec lui. Peut-être que ? Elle projette, imagine, espère.
Revenir. Regarder en avant, vers la mer, en arrière, vers l’avant. Mais le regard a changé, sur les choses et les gens. Les souvenirs sont toujours là, elle les retrouve. Le passé. Et des miettes ici aussi. On pourra passer l’éponge mais elle seront toujours là, au creux de la main. Des restes. Trop peu. Désaccordés, vraiment ? Non, ce n’est qu’une question de rythme. Le même morceau sur des temps différents.
Voilà. J’ai Rozelier, encore une fois, pour mon plus grand plaisir. Quand je la lis, je me recroqueville, je m’isole. Ses mots sont choisis, pesés, ses phrases brodées. Cette écriture, je crois pouvoir la reconnaître toujours. Et toujours l’aimer autant.