📚 Résumé :
Tandis qu’au-dehors, à quelques centaines de mètres de chez lui, des attentats ensanglantent Paris, Jean-Michel Espitallier vit un autre drame, plus intime. Sa compagne, Marina, s’éteint, « assassinée » par le cancer. Ce livre est la chronique d’une disparition, qui enregistre – au sens musical du terme – la lente et calme approche de la mort, son surgissement, capté avec une rare acuité, puis la première année dans l’absence. Sans voyeurisme, mais avec parfois la crudité que suppose la grande intimité entre les corps, Jean-Michel Espitallier consigne, au fil des jours, les remarques, les pensées, les sentiments que la perte lui inspire. Rappelant le Journal de deuil de Roland Barthes, mais aussi la précision des romans d’Annie Ernaux, ce récit poignant raconte le progressif effacement des traces matérielles qui évoquent l’existence de l’autre, faisant une place toujours plus vaste au souvenir, devenu seule expérience du présent. Il dessine ainsi, en creux, un émouvant portrait de celle qui fut, celle qui n’est plus, et compose une intense méditation sur le Temps. Habiter la vie en poète, c’est aussi puiser dans les ressources de la langue pour tenter de saisir l’incompréhensible et de surmonter l’insupportable.
🖋 Mon avis :
Je savais que cette lecture allait trouver en moi une résonnance, un écho, de ceux, dangereux, qui vous serrent la poitrine. J’ai pris le risque. J’ai lu. Chaque ligne. Chaque mot. Comme des murmures à l’oreille de celle qui savait déjà.
La première année… Jean-Michel Espitallier l’écrit, s’écrit. Et moi j’ai lu, le cœur étreint, les larmes au bord des yeux. J’ai lu toutes ces premières fois depuis les dernières. Tout ce qui fait l’absence et la souffrance. J’ai lu son amour et sa douleur. « La présence de l’absence » par « l’absence de présence ». J’ai regardé ses jours sans elle, avec elle, avec celle qui n’est plus mais qui, à être sans cesse invoquée par le cœur, est toujours. J’ai lu le temps qui passe et qui éloigne du temps d’avant. Le difficile apprentissage du plus-jamais. La culpabilisante vie qui continue. Les dates comme point de nouveau départ, de nouvelles tristesses. Le nouveau calendrier. La bulle qui se forme autour de celui qui reste et qui déforme, transforme, le quotidien et ses détails qui n’en sont plus. Finir le dernier paquet de riz. Pleurer les premières fois sans elle et tenter de retrouver les dernières. Et compter, sans cesse.
Si vous ne deviez lire qu’un seul livre sur le deuil, lisez celui-ci. Il est grand. Il est bouleversant. Ligne après ligne. Une poésie. Les mots, la mise en page, tout. Rien de ce que je pourrais écrire ne sera à la hauteur. Merci Monsieur Espitallier.