Semer des graminées, de Nathalie Longevial

📚 Résumé :
Papa a un cancer.
Papa a un cancer et tout le monde se doute de la fin. De toute façon me direz-vous, il n’y a qu’une fin. Et à la fin, on meurt.
Papa a un cancer et c’est comme si j’écrivais : Papa va mourir.
Quand ? Bientôt ?
Papa a un cancer et c’est comme si j’écrivais « Papa est mort. » Déjà.
Ce livre n’est pas un roman.
Il n’y a aucun suspense.
Au début, vous connaissez déjà la fin.

🖋 Mon avis :

Ça n’a pas d’âge les parents. Ça ne vieillit pas. Le seul âge qui existe, c’est celui qui reste. Mon père à moi aura toujours 44 ans et moi toujours un peu 19. Celui de Nathalie Longevial a 74 ans depuis qu’elle en a eu 50. Bougies éternelles qui ne se seront plus soufflées.

L’allergie aux graminées. Le nez qui se bouche, les yeux qui gonflent, les larmes qui coulent. Ça fait ça quand le temps s’arrête. Des pollens en suspension. Des souvenirs en poussière, soulevés par une tempête de chagrin.

Ici, la maladie se fait point de départ d’un journal un peu spécial, celui de celle qui reste et qui consigne ce(lui) qui s’en va, doucement, douloureusement. Mais la mort est déjà écrite. Le point final déjà posé. Et entre les deux, ce temps qu’on veut remplir d’aujourd’huis et d’hiers, qu’on ne veut pas tuer. Parce que trop court pour les demains. Trop incertain. Trop important. Trop. Et pas assez.

Que vous dire ? Je ne sais pas. Chacun son cœur, chacun sa cage de résonnance. Le mien, la mienne, ont vibré, évidemment. Les cordes étaient sensibles, directement reliées aux glandes lacrymales. Ça m’a rappelé, forcément. Tout. J’ai vu les ressemblances. J’ai noté les différences. Je me suis dit que peu importe, c’est toujours absolument incomparable.

Finalement, je ne vous dirai rien ou pas grand chose sur ce livre si ce n’est que je l’ai aimé. Et c’est bien pour ça que si je devais écrire quelque chose en le refermant, c’est à mon père que je le ferais. Je lui dirais moi aussi comme j’ai fermé les yeux pendant des mois, comme je les ai ouvert aussi parfois, comme je le regardais mais que je ne voulais plus voir. Comme je sais qu’il me regardait sans plus réussir à me voir. Et je lui demanderais s’il a été heureux et pourquoi. Et qui il était. Oui. Tu étais qui, au fond de toi? Dis moi. Mais c’est trop tard, n’est-ce pas ? Quand on meurt, c’est pour de bon. Une fois pour toute. Et après, et un peu avant parfois, tout ce qu’il reste, ce sont des poussières dans les yeux. Nathalie Longevial a raison, il faut dire et demander avant, quand on croit qu’on a le temps. Quand ça n’a pas encore d’importance. Quand on peut encore avoir les réponses.

2 commentaires sur “Semer des graminées, de Nathalie Longevial

  1. Après de multiples difficultés partagées avec l’auteure, je viens de recevoir, ce soir, le livre que tu commentes ici. J’ai promis de le lire. A découvrir ta critique, je crois et je crains que ce livre joue effectivement au miroir. Mais c’est peut-être simplement comme cela qu’il faut affronter cette fin connue parfois depuis longtemps…

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