Une longue impatience, de Gaëlle Josse

🖋 Mon avis :

C’est une histoire de femme et une histoire de mère. C’est l’histoire d’une absence. C’est une histoire d’une autre époque.

C’est Anne, femme discrète, épouse dévouée et aimante, veuve de son premier amour, mère à plein cœur.

Anne, une femme qui dépérit depuis que son fils aîné a fui après une violente dispute avec son nouveau mari.

Anne.

Une mère qui attend, debout sur la falaise. Équilibre précaire du corps et de l’esprit. Elle l’attend, debout, face aux vagues, les siennes, les autres, celles qui portent son fils et l’éloignent. Celles qui la portent et l’éloignent. Mais elle attend, inlassablement, douloureusement, que la mer rende à la mère.

Anne lui écrit aussi, à ce fils parti. Elle l’inscrit, le grave, dans cette vie sans lui. Pour qu’il soit toujours là, un peu. Elle écrit comme elle lui parlerait. Elle écrit comme elle espère. Elle se livre, se délivre. Des mots pour un futur plein d’espoir qui s’éloigne mais qui la porte, l’emporte. Des lettres à l’enfant comme des bouteilles à la mer(e).

Comment vit-on avec une telle disparition? Comment rester femme et mère quand on a perdu un morceau de soi ? Quand l’attente et le doute ont gangrené l’esprit. Quand on ne vit plus qu’à moitié. Déchirée. Que reste-t-il aux autres amours ? A sa propre vie ? L’amour maternel, animal, primaire, reconnait l’odeur, le geste, le bruit d’un pas. C’est un amour qui ne se commande pas plus qu’il ne s’explique. Quand il est là, il peut attendre une vie entière. Il survit à tout. Il bat. Il tisse. Mais quand un de ses fils est trop tendu, quand on craint qu’il ne soit rompu, quand le temps tire dessus, c’est tout l’ouvrage qui, petit à petit, se défait.

Gaëlle Josse m’a emmenée vers l’océan. J’ai senti ses embruns et le sel humide qu’ils collent sur la peau.

Elle m’a montré la mer qui prend corps et les souvenirs qui reviennent, en vagues assassines, s’échouer aux pieds d’un cœur de mère.

Et le temps qui érode.

Et l’amour qui dure toujours.

Et elle m’a émue, incroyablement.

2 commentaires sur “Une longue impatience, de Gaëlle Josse

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s