L’autre jour, je me promenais dans une librairie, sans liste, sans Instagram, sans filet. J’en ai donc fait le tour une fois, puis deux, puis trois. Je vois un nom. Helene Hanff. Hum… Je passe. Je regarde les tranches, en sors quelques-unes, les remet en place. Puis un regard sur les tables et leurs couvertures. Je les connais, je les ai déjà vues passer, mais aujourd’hui, je n’en veux pas. Quatrième tour. Toujours cette couverture bleue qui me regarde. Je m’approche. 84, Charing Cross Road. Je ne sais pas. Et puis, juste sous le titre, « préface de Daniel Pennac ». Et là, me reviennent mes 15 ans, Au bonheur des ogres, La fée carabine, La petite marchande de proses, Comme un roman. Ok, l’information me suffit. Je ne veux pas en savoir plus, ce sera celui-là.
Voilà donc comment je me suis retrouvée plongée au milieu de la correspondance entre Helene Hanff et Franck Doel. Entre New-York et Londres. De 1949 à 1969. Entre elle, écrivaine fauchée et lui, libraire spécialisé en livres épuisés.
Je commence à tourner les pages. Je déguste. Je regarde le livre de profil et, déjà, je crains la fin. Je suis fascinée. Des lettres pourtant, simples et courtes en plus. Mais on n’en écrit plus, on a trouvé plus rapide, moins fatiguant, plus facile. On s’envoie trois mots, des sourires, des morceaux. On attend un « vu » et une réponse rapide. Non, on ne s’écrit plus, on discute sans bruit. Alors qu’une lettre… Il faut prendre le temps, y mettre de soi, gratter le papier, et attendre. Attendre qu’elle soit distribuée ou pas, que l’autre la lise mais ne pas en être sûr, puis qu’il y réponde, peut-être. Mais pas tout de suite.
Ici, au-delà des commandes d’ouvrages et des remerciements, les correspondants y ont laissé des morceaux d’eux et de leurs vies. Elle, drôle, entière, affamée de lecture. Lui, flegmatique, contenu, dévoué. On y voit les liens se tisser, l’amitié naître, et ça m’a plu.
Ça sentait les vieux bouquins et le cuir de leurs couvertures. L’encre et le papier. Le bois des étagères d’une librairie anglaise. Le bonheur de tenir un livre qu’on pensait ne jamais trouver. Mais ça sentait aussi l’après-guerre et le rationnement. Les œufs en poudre et la langue en conserve. Et les amis. Surtout les amis.
Voilà, ça semble un petit livre de rien, quelques lettres d’une autre époque. Une histoire sans intérêt pour certains sûrement, mais pour moi, ça a été plus que ça. Ça a été une belle lecture, un moment à part, hors du temps, tendre et émouvant. C’était le livre dont j’avais besoin, à ce moment-là, mais je ne le savais pas. Lui oui, je crois. Et c’est pour ça qu’il m’avait tendu les bras.
Les romans épistolaires ont un vrai charme je trouve, surtout quand ils nous emmènent au siècle passé et dans un autre pays… merci du titre ! 🙂
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Oui, j’aime beaucoup aussi ! Et puis là, c’est une vraie correspondance, ça ajoute encore plus d’émotions.
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Ah j’ai adoré ce roman ! Un vrai charme s’en dégage !
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C’est exactement ça ! Une petite bulle hors du temps, drôle, tendre et charmante
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C’est sûr que le charme doit en être renforcé 😉
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J’y aurai vu un signe aussi ! Apparemment ce livre sait se présenter quand il faut 😉
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J’ai failli le chercher à la librairie hier par chance (ou malchance?) mon tel était déchargé et je ne me souvenais pas vraiment du titre, ni de l’auteur. Ça m’a rappelé ton post sur Instagram ! Je me suis dit que c’était un signe, que ce n’était pas mon heure pour ce livre (PAL énorme), il reste donc sur la wishlist jusqu’à la prochaine tentative !! XD
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