Le manufacturier, de Mattias Köping

📚 4ème de couverture :
Le 19 novembre 1991, une poignée de paramilitaires serbes massacrent une famille à Erdut, un village de Croatie. Laissé pour mort, un garçonnet échappe aux griffes des tortionnaires, les Lions de Serbie. Un quart-de-siècle plus tard, l’avocate Irena Ilić tente de remonter la piste jusqu’à la tête du commando, le sinistre Dragoljub.

Le 1er avril 2017, les cadavres d’une femme et de son bébé sont retrouvés dans la banlieue du Havre, atrocement mutilés. Niché dans le dark Web, un inconnu sous pseudonyme revendique le double meurtre et propose les vidéos de ses crimes à la vente sur son site Internet… Depuis quand sévit-il ? Prêt à transgresser la loi, le capitaine de police Vladimir Radiche s’empare de l’affaire qui sème la panique sur le pays, au risque de voir l’inimaginable s’en échapper.

Les deux investigations vont se percuter avec une violence inouïe. L’avocate et le flic ont des intérêts divergents et sont prêts à se livrer une guerre sans merci. Emportés dans l’abîme du terrifiant conflit yougoslave, les enquêteurs évoluent dans un vertige noir, gangrené par la violence et la corruption, où les plus pourris ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Crimes contre l’humanité, meurtres en série, fanatismes religieux, trafics entre mafias sans scrupules, l’étau se resserre au fil des chapitres. Les égouts de l’Histoire finiront par déborder, et vomir des monstres trop vite oubliés.
N’ayez pas peur.
Oui, il y a tout cela dans Le Manufacturier.

Non, il n’y a pas d’autre issue.

🖋 Mon avis:

Serbo-croate. J’avais 11 ans et ce mot me revenait sans cesse. Télé, radio, journaux. Je n’en savais pas grand chose si ce n’est que ça tapait, fort. Que là-bas aussi, les gens n’arrivaient pas à s’entendre. Que là-bas aussi, on pensait tout résoudre en faisant couler le sang et régner la terreur.J’ai demandé pourquoi, mais la haine c’est complexe. Ça prend souvent racine tellement loin qu’on n’en voit plus le début. Ça va souvent si loin qu’on n’en voit pas la fin. Alors on m’a dit « tu es trop jeune. C’est compliqué. ». Entendez par là « on n’y comprend rien non plus ». A ce moment-là, je n’ai pas cherché, et le mot est resté. Quelque part entre ma tête et mon coeur, coincé dans le fond de ma gorge, avec tous les autres conflits compliqués. Impossible à avaler, impossible à cracher. Impossible à comprendre vraiment, même plus tard, même en essayant.

Serbo-croate. Tiens, le voilà qui revient. Dans un livre qui ne m’expliquera ni la haine, ni le sang. Dans un livre qui ira encore plus loin que ce que j’avais imaginé. Dans un livre qui parlera de ça mais pas que. Dans un livre dont je ne vous dirai rien de plus, parce qu’il faut le lire.

Mais vous n’êtes pas prêts, je vous préviens. Personne ne l’est. Après l’uppercut de Les démoniaques, je pensais être armée, mais ce n’était rien. Le manufacturier m’a coupée, tranchée, saignée. Autopsie d’une lectrice…

– Examen général : c’est pas beau à voir. Il faudra recompter pour être sûr, mais à vue de nez, il y a plus 500 pages plantées partout dans les chairs.

– Examen pupillaire : plein phare, dilatation maximale. La cornée est salement amochée. C’est du sang, là ? Si, juste au coin ? Ah oui.

– Incision en Y. Sortez lui le cœur. Ouch ! Il a morflé aussi. Comme si on lui avait serré, pressé à l’extrême. Appuyez pour voir. Les larmes coulent. Les poumons peinent. Merde. Elle vit encore. Remballez !

– Scalp. Le cerveau a l’air libre. A l’air, oui. Libre, non. Pris dans un étau de mots, enchaîné par des phrases, il est impossible à sortir. On notera des tâches d’encre plein le cortex préfrontal. Ça remue là-dedans. Oh, je crois même que ça fume. C’est pas vrai ! Il y a encore quelqu’un ici aussi ! Ça craint.

– Analyse du bol alimentaire : Elle avait mangé léger. Heureusement. Par contre, ça sent le rhum. Faites une prise de sang, faut vérifier l’alcoolémie.

Allez messieurs, on referme. Sutures. Ça va pas être beau, je vous préviens. Il restera des traces. Ça va la marquer, c’est sûr. Tant pis. Rangez moi ce sac, on n’en a plus besoin finalement. Faut croire que c’était pas son heure. Envoyez-la en réa.

Bilan à J+3 : à surveiller. Elle n’a plus de Köping à se mettre sous les yeux, le manque va être difficile à gérer. On a bien cru l’avoir perdue mais elle a tenu bon. Désolés pour les cicatrices, on pensait vraiment que c’était fini… Elle est costaud quand même ! Mais dites lui d’y aller mollo la prochaine fois. Et de ne conseiller ce livre qu’à des gens qui auront été préparés avant. On n’a pas que ça à foutre.

Bilan définitif : la patiente semble aller bien. Très bien même. Apparemment, « she’s köping », de ouf.

And you, are you köping too ? ( oui,en anglais. Je vous refais les dictionnaires dans toutes les langues. Je trouvais que ça sonnait mieux.)

4 commentaires sur “Le manufacturier, de Mattias Köping

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