📚 4ème de couverture :
« Au milieu de l’escalier, j’ai stoppé net, arrêté par un silence inhabituel.
Sans faire de bruit, je me suis faufilé dans la salle à manger.
J’ai laissé la lumière éteinte et je me suis posté dans l’axe du passe-plat, un peu en arrière, pour rester dans le noir. De là, on voit toute la cuisine. Et j’ai vu.
J’ai vu mon père et ma mère serrés l’un contre l’autre près de l’évier et qui sanglotaient. Jamais je n’avais imaginé que mon père avait des yeux qui pleuraient. »
C’est comme ça, seul dans le noir, en regardant sa famille pleurer, que Marcel apprend que son frère aîné est malade du sida. Qu’il va mourir.
Et c’est à partir de cet instant que lui, Marcel, P’tit Marcel comme ils disent, doit faire comme s’il ne savait rien.
🖋 Mon avis :
Léo a le SIDA. Et trois frères. Parmi eux, il y P’tit Marcel, le p’tit dernier. Celui à qui on taira mais qui saura quand même. Celui qui va garder ces mots cachés et vivre avec, en les tenant fort au creux de ses poings, enfoncés au fond de ses poches. Et qui serrera les dents pour sourire grand.
Tout contre Léo, c’est un enfant, des frères, une famille. C’est P’tit Marcel et ses 10 ans.
Tout contre Léo, c’est tout ce qu’on ne dit pas. Tout ce qu’on cache aux enfants, parce qu’ils ne sont pas assez grands. Tout ce dont on croit les préserver mais dont on ferait mieux de parler. Les secrets, les messes basses, les masques. En leur cachant, on les laisse seuls, on les abandonne, face à ce qu’ils savent en secret ou qu’ils croient deviner. A les croire trop petits, on n’est souvent pas bien grands. Parfois, il faudrait moins protéger pour mieux accompagner. Lâcher le parapluie pour tenir la main.
Tout contre Léo, c’est la vie haute comme trois pommes, et un ver au milieu. C’est la maladie et la mort à hauteur de gosse. C’est un livre pour enfants, mais pas que sûrement.
En à peine 100 pages, Christophe Honoré nous ouvre la porte derrière laquelle on se cache, enfant, pour écouter ce dont les adultes ne veulent pas nous parler. Et celle du cœur, tout jeune, qui apprend à saigner.
Paru en 1996, je l’ai lu souvent et, aujourd’hui encore, il arrive à me bouleverser. Et ça, voyez-vous, je suis contre. Tout contre. Toujours. ❤