
Quand, comme moi, on touche à peine le mètre soixante en se mettant sur la pointe des pieds, il faut bien admettre que ce titre est tentant. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai ouvert ce livre. Non, je l’ai ouvert, impatiente, parce que Julien. Parce que Juju. Parce que c’était lui. Et je l’ai commencé, un peu tremblante, parce que tout ça aussi. Il me tardait de le lire, mais j’appréhendais, forcément. Comment lui dire si jamais je n’aimais pas ? Mais comme je suis une grande petite fille, et que l’excitation était plus forte que tout, j’ai mis mes peurs dans le fond de ma poche et dégainé mes lunettes. A nous deux Monsieur Rampin !
Je tourne les premières pages, le sourire monte. D’autres pages encore, ce sont les larmes. Petit à petit, je pars à la ferme. Depuis mon fauteuil, j’écoute aux portes et j’entends Jeanne, la timide, la trop longtemps effacée et Lucas, le beau, le doux, le mystérieux, l’esquinté. Depuis mon fauteuil, j’écoute aux cœurs, fragiles, et j’entends Raymonde, la bariolée, la toujours libre et effrontée, celle au langage aussi fleuri que son jardin. Et puis parfois, au creux de ces trois-là, je me vois. Mon fauteuil est vide. Je suis là-bas.
Un à un, ils m’ont touchée. Un à un et tous ensemble. Mais je dois vous dire, au milieu d’eux, quelque part dans ces mots, ce que j’ai lu surtout, c’est lui, Julien. Les sourires et les rires qui me viennent, ce sont les siens. L’émotion qui monte, c’est la sienne. Il n’a pas créé tout ça à partir de rien, il l’a tissé au fil de lui. Comment ai-je pu imaginer être déçue ? Ce n’était pas possible. Ce livre ne serait pas signé que j’en aurais quand même deviné l’auteur. Parce qu’il respire la sincérité, le sud, la vie, l’amour. Parce qu’il parle des gens, les vrais, les simples, et de ce qu’ils gardent lourdement au fond du cœur. Qu’il dit le courage et les souffrances, et les fêlures sous la force et les sourires. Qu’il raconte les rencontres. Celles qui abîment et celles qui soignent, les plus belles. Celles auxquelles on ne croyaient pas, plus, et qui arrivent, sans prévenir, au détour d’un chemin de terre, derrière des volets bleus.
J’ai longtemps cherché quoi vous dire, alors que je connaissais déjà la réponse. Si vous aimez Juju, lisez-le. Si vous ne le connaissez pas encore, allez faire un tour sur @labibliothequedejuju et faites-vous une idée. Parce que Grandir un peu, c’est lui. Grandir un peu, c’est rire et sourire, beaucoup. Et avoir les yeux humides, souvent. Et l’envie de le relire, forcément. Un jour, quelqu’un a dit « On ne voit bien qu’avec le cœur ». Je crois que c’est comme ça qu’on doit écrire aussi. Et Julien Rampin écrit bien. Mieux que bien même, puisque son coeur a touché le mien.
Julien, maintenant c’est à toi que je m’adresse. Merci. Merci de m’avoir fait confiance. Merci pour les remerciements et les tirets cadratins. Merci d’être une de mes rencontres à moi. Tu n’avais ni jogging ni chemise de bûcheron, mais un soir de Mai, tu as été ma Raymonde en m’ouvrant tes bras comme elle aurait ouvert sa porte. Tu n’avais pas mis d’annonce, simplement tes mots sur ceux des autres, mais ça avait suffi pour que j’ai envie de te rencontrer. Ce soir-là, pour moi, @labibliothequedejuju est alors devenu Julien. Mais à partir d’aujourd’hui, ce sera Julien Rampin, l’écrivain.