Un enfant, de Patricia Vergauwen et Francis Van de Woestyne

Un ami avait, un jour, commencé un de ses posts par « J’ai peur de la mort ». Je le reprends aujourd’hui. J’ai peur de la mort moi aussi. Pas peur de mourir, peur de la mort. Celle des autres. Peut-être parce que je l’ai sentie nous courir après, autour. Peut-être parce que je sais ce qu’il reste des vies, après, autour. Peut-être parce que j’aime plus que tout ceux qui restent, et que donc il ne reste qu’eux. Et que donc.

Alors oui, j’ai peur de la mort. Elle me terrifie et pourtant je ne fais que la lire. Je me saoule des deuils, des souffrances, de l’absence. Je lis les morts des autres. Je lie les morts, les autres. Un père, un mari, une femme, un ami. Je les lis, les relie, aux miens, à mon chagrin.

Alors quand 8tiret3_instalivres a présenté Un enfant, j’ai tout de suite su que je le lirai aussi. Et je l’ai fait, une nuit. Et je ne le relirai sûrement jamais. Les mots sont gravés quelque part au fond de moi, pas besoin d’ouvrir encore ses pages pour les retrouver. J’y ai laissé des larmes et mon cœur gros. J’ai pleuré Victor et ses parents. Lui mort, eux vivants. Le 4 novembre 2016, il est tombé d’un toit et ses 13 ans se sont arrêtées plus bas.

Un enfant, c’est Victor.
Un enfant, ce sont ses parents, et leurs voix qui s’entremêlent pour parler de lui, de leur famille, de leur douleur. Parler de lui, pour qu’il soit encore.
Un enfant, c’est le leur, et mon cœur de mère s’est brisé en le lisant.
Un enfant, il faut le lire. Parce que c’est triste et beau. Parce qu’ils ont trouvé leurs mots, et qu’ils sont forts et puissants. Parce que.
Un enfant. Oui, il faut le lire. Une fois. Quand on se sent prêt. Mais on ne l’est jamais, alors lisez-le, peu importe quand.