L’instant de la fracture, d’Antoine Dole

Je ne savais pas, en ouvrant ce livre, que je m’installais sur une planche. Face à moi, Antoine Dole en lanceur de couteaux pas décidé à m’éviter, et ses mots, ses phrases, courtes, en poignards. Certains m’ont effleurée, plantés au plus près pour m’empêcher de bouger. Souffle coupé, à ce moment-là, je respirais encore. D’autres m’ont transpercée. Le cœur, le ventre. Les jambes. En plein dedans. A genoux la lectrice. L’écrivain sait viser, sans trembler, laissant ça à ceux qui le lisent.

J’ai donc tourné la première page sans me méfier et écouté penser celui qui raconte, qui veut dire. J’ai senti sa boule de mots trop mâchés au fond de la gorge. A force de les garder sans pouvoir rien en faire, ils se sont agglutinés. Morceaux de chair arrachés qui ne veulent pas être avalés. Mais au cours du repas, c’est décidé, il tentera de les cracher, les envoyer au milieu de la table, aux yeux de tous. Ce sera ici, maintenant. Mais qu’il est dur de dire, qu’il est dur de sortir ce qui est coincé. La vie en éboulis, tombée, cassée. Et la voix qui essaie d’en sortir, écrasée. Au fond de la gorge, le cristal pur de l’enfance devenu verre pilé. La fracture n’a rien épargné.

Il n’aura fallu que 45 pages à l’auteur pour me fracasser. 45 pages, ce n’est rien, me direz-vous. Détrompez-vous, parfois c’est exactement ce qu’il faut. Le talent n’a pas besoin de plus pour s’exprimer, il sait exploser en espace restreint.

Mr Dole, je vous ai découvert grâce à ma fille, fan d’Adèle. Jamais je n’aurais cru que, du haut de ses 9 ans, elle me mènerait à un auteur que j’aimerai autant. Heureusement que ma curiosité et mon amour pour la littérature estampillée jeunesse m’ont guidée jusqu’à ce livre-là, bien orientée que j’étais par ma jolie Rose. Je vous lirai à nouveau, soyez-en certain. Je reviens de mourir m’attend d’ailleurs déjà et je pressens que je n’en sortirai toujours pas indemne.
Et vous, lecteurs, franchissez la barrière, dépassez vos a priori. Il n’y a pas que Oui-oui au rayon jeunesse, il y a Antoine Dole aussi. Et vous savez quoi ? C’est mortel ! 😉

Ma story, de Julien Dufresne-Lamy

Ce n’était pas prévu mais Batool va passer à la télé ! Repérée sans avoir rien demandé, elle hésite peu et finalement se démène pour convaincre sa famille d’accepter. Il faut dire que c’est tentant, cette sorte de Kho Lanta pour adolescents. Et à peine annoncée, la nouvelle fait son effet et à son retour, elle est devenue une star dans son lycée. Elle, Batool, jeune fille sans histoire. Sauf que justement, créer des histoires, la télé, elle sait faire. Alors d’images coupées en paroles tronquées, Batool va découvrir chaque semaine ce qu’il reste de son aventure depuis son canapé. Jusqu’au jour où…

J’arrête là le résumé parce que cette histoire, il faut la lire et la faire lire. A nos ados, à nos enfants. A tous finalement. C’est un petit livre important qui met la lumière sur la manipulation par l’image et les mots, et les dérives des réseaux sociaux. En quelques pages, Julien Dufresne-Lamy souligne l’importance du recul, de la réflexion, du doute, de la bienveillance. Ne pas juger trop vite, trop fort, tant qu’on ne sait pas tout, et même si. Penser à l’autre, celui dont on se moque, celui qu’on insulte, celui qui reste derrière, de l’autre côté, et qui reçoit les vagues. A l’heure du tout-va-vite, du tout-public, des mots et du soi affichés, le harcèlement prend une toute autre mesure. Ce n’est pas nouveau tout ça, évidemment, mais l’ampleur a changé. Et pour les souffre-douleur, il n’y a vite plus d’abri.

J’ai été touchée, très touchée, par Batool. Alors j’ai glissé ce livre sur le chevet de ma fille, pour qu’elle sache, qu’elle réfléchisse, et qu’on en discute, encore. Parce que même à 9 ans et encore préservée, elle peut comprendre et apprendre, à se méfier, à mesurer ses mots, mais aussi à se protéger. Parce que justement, à 9 ans, ce livre-là se fera graine et grandira avec elle. Et je ne peux que vous conseiller de faire de même. Le format est parfait (96 pages, mise en page claire et aérée), le prix aussi (5,90€). Y a plus qu’à foncer en librairie 😉

Watership Down, de Richard Adams

Confinée au fond de mon terrier, ne sortant que pour travailler, je rêvais de collines, d’herbes hautes, vertes, dorées, odorantes, de fleurs, d’horizon. Besoin d’espace. Besoin d’air, d’évasion, de respirer à plein poumons. Alors j’ai regardé mes étagères, remplies de fenêtres d’encre et de papier. En effleurant les tranches de tous ces livres endormis, je me suis souvenue que @goodbooks_goodfriends m’avait conseillée une histoire de lapins… Watership Down, voilà, c’est ça. Ce serait donc lui. Mais en l’ouvrant, je ne me doutais pas un instant que ces 544 pages allaient me faire voyager autant. Ça fait lourd comme attestation de déplacement, je vous l’accorde, mais pas de panique, vous ne sortirez pas avec. Vous partirez dedans.

Les premières pages tournées, je n’ai plus lâché ni la patte de Fyveer, ni celle d’Hazel. Et puis il y a eu Bigwig, Pipkyn et tous les autres. Et je me suis attachée à chacun. Je les ai regardé farfaller (lisez, vous saurez), fuir, construire, lutter, dormir, rêver, espérer. Rien de passionnant pensez-vous ? Vous vous trompez. Et je ne sais pas quoi vous dire pour vous en convaincre.

Au fil de l’histoire de ces lapins partis de leur garenne condamnée pour tenter de se construire un avenir meilleur, vous serez tour à tour touchés par leur courage, soufflés par leur ingéniosité, happés par leurs aventures. Vous tremblerez pour eux, croiserez les doigts, prierez Krik (lisez, vous saurez aussi). Et puis vous serez aussi saisis par la beauté des paysages que vous traverserez avec eux. Vous aurez parfois du soleil plein les yeux, ou de la pluie sur l’échine, du vent sur les flancs, de la vase plein les pattes. Et vous sentirez les primevères et les laitues. Les fèves. L’herbe fraîche. Et les dangers, souvent. Alors il faudra que vous soyez sur vos gardes et que vous tendiez vos oreilles car ce ne sera pas une promenade, bien au contraire.

Vous devrez vous défendre, réfléchir et courir, vite.
D’ailleurs, vous devriez commencer maintenant. Oui, oui, allez-y, courez… sur le site de @monsieurtoussaintlouverture (ou en librairie, dès que…) pour vous procurer sans tarder ce ticket pour l’aventure vers la colline de Watership Down. Oh, attendez… on me souffle que la collection Grands animaux accueillera très bientôt la garenne d’Hazel-Shâ sur ses terres, et que les précommandes sont ouvertes ! Alors, vous attendez quoi ? J’ai tapé de la patte, courez !

La nouvelle arche, de Julie de Lestrange

📚 4ème de couverture :

Mathilde est l’une des premières. Aujourd’hui âgée de 20 ans, elle s’occupe des futures générations qui grandissent au Centre. Comme elle, ces spécimens n’auront pas d’enfance. Comme elle, ils naîtront, prêts à se battre, pour affronter l’ennemi invisible qui terrorise leur Communauté.

Aussi, lorsqu’un mal étrange frappe certaines unités, Mathilde cherche à tout prix le moyen de les sauver. Et ce qu’elle découvre pourrait bien remettre en cause sa propre humanité.

Mais peut-on être seule à changer le monde ?

Désormais, elle n’a plus qu’un choix : se taire. Ou combattre.

On ne naît pas humain, on le devient.

🖋 Mon avis :

Plus de bébés. Plus d’enfants. On naît conditionnés, adolescents, à 15 ans, avec des machines pour parturientes. Mais alors, que reste-t-il des parents ? Des familles ? Que pèsent les liens du sang quand ils ne sont pas tissés ?

Pas d’inquiétude, voyons ! Le Comité est un bon couturier, il saura vous coudre, vous fabriquer. Ne vous en faites pas. Ne vous souciez pas non plus de l’éducation, nous y avons aussi pensé. Elle est déjà paramétrée, formatée, et ce dès votre sortie de l’utérus informatisé de verre et de métal. Vous le savez, c’est pour notre bien à tous. Souvenez-vous, vous ne pouvez plus mener de grossesse à terme depuis qu’un mal mystérieux nous a frappé. Mais, heureusement, le Comité est là, partout, toujours. N’essayez pas de partir, ne dépassez pas les limites de notre territoire. Rappelez-vous que l’ennemi est proche et n’a de cesse d’attaquer, c’est d’ailleurs pour ça que vous devez vous entraîner. Soyez prêts à le combattre mais ayez-en assez peur pour avoir besoin de rester blottis dans nos jupons. Et surtout, surtout, fermez les yeux. Nous nous occupons de tout, absolument tout. Fermez les yeux on vous dit ! Mathilde ! Vous n’écoutez plus !

Non, Mathilde n’écoute plus. Elle a vu, voit, réfléchit, et veut comprendre. Jusque là, les réponses qu’on lui fournissait collaient parfaitement aux questions qu’on lui avait appris à se poser, mais aujourd’hui, les interrogations ont changé, et les réponses ne vont plus. Elle va donc devoir les chercher, seule. Enfin… seule, peut-être pas. Parce que je suis là, prête à la suivre. Oui, je suis là.

Quand j’ai commencé ma lecture, j’ai eu peur de ne trouver qu’une pâle copie du Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley. Mais plus j’avançais, plus je comprenais que j’avais bien autre chose entre les mains. Ce premier volet pose les bases et laisse présager d’une suite passionnante que je ne tarderai pas à lire. Julie de Lestrange a un don certain, celui de conter, de raconter, de créer et d’intéresser. L’histoire est doucement enclenchée et je suis prête à passer la seconde et à accélérer. Parce que oui, j’ai aimé. Vraiment aimé. Téléportée dans un monde dont on souhaiterait tous qu’il relève plus de la litterature fantastique que de la SF, j’ai lu cette histoire avidement, et l’ai terminée pleine de réflexions. Et c’est bien-là le propre de la science-fiction : extrapoler, tirer sur l’existant pour dessiner les possibles et, ce faisant, questionner, alerter. Et c’est pour ça que c’est un genre qui me plaît vraiment, même si j’y mets trop rarement les pieds.

La nouvelle arche est classé comme une « Dystopie Young Adult », et c’en est une. Mais ne soyez pas rebutés par cette catégorie dont le nom fait plus penser à une MST qu’à une section de bibliothèque, les bons livres se trouvent partout, croyez-moi 😉

Tout contre Léo, de Christophe Honoré

📚 4ème de couverture :
« Au milieu de l’escalier, j’ai stoppé net, arrêté par un silence inhabituel.
Sans faire de bruit, je me suis faufilé dans la salle à manger.
J’ai laissé la lumière éteinte et je me suis posté dans l’axe du passe-plat, un peu en arrière, pour rester dans le noir. De là, on voit toute la cuisine. Et j’ai vu.
J’ai vu mon père et ma mère serrés l’un contre l’autre près de l’évier et qui sanglotaient. Jamais je n’avais imaginé que mon père avait des yeux qui pleuraient. »
C’est comme ça, seul dans le noir, en regardant sa famille pleurer, que Marcel apprend que son frère aîné est malade du sida. Qu’il va mourir.
Et c’est à partir de cet instant que lui, Marcel, P’tit Marcel comme ils disent, doit faire comme s’il ne savait rien.

🖋 Mon avis :

Léo a le SIDA. Et trois frères. Parmi eux, il y P’tit Marcel, le p’tit dernier. Celui à qui on taira mais qui saura quand même. Celui qui va garder ces mots cachés et vivre avec, en les tenant fort au creux de ses poings, enfoncés au fond de ses poches. Et qui serrera les dents pour sourire grand.

Tout contre Léo, c’est un enfant, des frères, une famille. C’est P’tit Marcel et ses 10 ans.

Tout contre Léo, c’est tout ce qu’on ne dit pas. Tout ce qu’on cache aux enfants, parce qu’ils ne sont pas assez grands. Tout ce dont on croit les préserver mais dont on ferait mieux de parler. Les secrets, les messes basses, les masques. En leur cachant, on les laisse seuls, on les abandonne, face à ce qu’ils savent en secret ou qu’ils croient deviner. A les croire trop petits, on n’est souvent pas bien grands. Parfois, il faudrait moins protéger pour mieux accompagner. Lâcher le parapluie pour tenir la main.

Tout contre Léo, c’est la vie haute comme trois pommes, et un ver au milieu. C’est la maladie et la mort à hauteur de gosse. C’est un livre pour enfants, mais pas que sûrement.

En à peine 100 pages, Christophe Honoré nous ouvre la porte derrière laquelle on se cache, enfant, pour écouter ce dont les adultes ne veulent pas nous parler. Et celle du cœur, tout jeune, qui apprend à saigner.

Paru en 1996, je l’ai lu souvent et, aujourd’hui encore, il arrive à me bouleverser. Et ça, voyez-vous, je suis contre. Tout contre. Toujours. ❤

L’arrache-mot, de Judith Bouilloc

📚 Résumé :

«La phrase s’écoula de ses lèvres lentement, intelligiblement. Les enfants retinrent leur souffle. Au cœur de la bibliothèque de pergame, la magie opéra encore une fois. Les caractères se décollèrent de la page en tremblotant, ils virevoltèrent sous le nez de la jeune femme avant de dessiner quatre silhouettes distinctes. Les gamins pouvaient reconnaître le marchand d’habits accoutré d’un magnifique pourpoint, et ses trois filles, dont l’une était vêtue avec moins de fanfreluches que les autres… C’était la belle. » la jeune iliade a un don merveilleux : le pouvoir de donner vie aux mots et aux histoires. Ce don fait d’elle la bibliothécaire la plus célèbre de tout le royaume d’esmérie.Le matin où elle reçoit une demande en mariage presque anonyme, elle n’est sûre que d’une chose : son prétendant est un membre de la famille royale !Bien décidée à comprendre qui s’intéresse à elle et surtout, pourquoi cette personne lui propose un contrat de mariage si avantageux, iliade se rend dans la capitale. Là-bas, elle découvre les fastes de la cour… et la froideur de son fiancé. Pourtant, elle finit par s’attacher et à lui et se retrouve, bien malgré elle, propulsée au cœur d’intrigues et de complots auxquels rien ne la préparait.

🖋 Mon avis :

Une jeune bibliothécaire se prénommant comme une grande épopée grecque, capable d’animer les mots et portant une jupe cousue de poésies, un complot, de la magie, voilà de la fantasy comme je les aime !

Si je n’avais pas lu La passe-miroir, j’aurai sûrement adoré ma lecture. Oui mais voilà, je l’avais déjà lu. Et j’ai trouvé trop de similitudes… ce ne sont que des points de détail, des grains de sable, mais ça m’a gênée.

Si je souffle dessus, je dois bien admettre que l’histoire m’a plue. Une jeune fille capable d’insuffler de la vie dans l’encre des pages, ça fait rêver ! Et oui, mais non… Je suis un peu passée à côté. L’écriture est agréable pourtant, c’est beau, poétique, le rythme est bon, et il y a de très bonnes idées, mais quand l’héroïne s’appelle Iliade, on s’attend à quelque chose de grand. Et là, j’ai trouvé que ça manquait d’ampleur, d’audace et d’originalité.

Je sais que le problème vient principalement de moi, je pense que beaucoup d’autres ont ou vont adorer cette histoire parce qu’elle est vraiment bien. Je n’ai absolument pas rechigné à terminer ce livre, loin de là, mais je n’ai pas eu de coup de cœur. Ceci dit, je suivrai les prochains titres de l’autrice avec plaisir.

Je remercie Netgalley et les éditions Hachette pour cette lecture.

Le faiseur de rêves, de Laini Taylor

📚 Résumé:

C’est le rêve qui choisit le rêveur, et non l’inverse…

Il est une ville, au centre du désert, où nul n’a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d’interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde… Pire encore, un soir d’hiver, le nom de ce lieu de légende s’évanouit en un clin d’œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme. 

Quinze ans plus tard, il travaille dans la plus grande bibliothèque du monde, à Zosma, en rêvant de fabuleuses découvertes quand, de la Cité oubliée, émerge tout à coup une curieuse expédition venue recruter les meilleurs scientifiques du continent. Pourquoi diable s’obstiner à réunir ces esprits éminents ? Mystère… Et pourquoi Lazlo voit-il donc ses songes se peupler de visions étranges – à commencer par une déesse à la peau bleue pourtant assassinée, des années plus tôt, par les habitants de la ville interdite ? Qui est-elle vraiment ? Comment le jeune homme, qui ignore tout de sa légende, peut-il bien la voir en rêve ?

🖋 Mon avis :

Me revoilà en littérature jeunesse !

J’avais eu ce livre à Noël et l’avais mis de côté. J’avais le pressentiment que j’allais aimer et quand j’ai su que le deuxième tome sortirait en Avril, j’ai préféré différer ma lecture pour me rapprocher le plus possible de la sortie du second opus. Et quel flair j’ai eu! J’ai adoré ! Donc voilà, c’est raté, y a plus de suspense… Mais comment le faire durer ? J’ai trouvé cette histoire vraiment originale et formidablement écrite. L’autrice nous emmène dans son univers et nous le dévoile superbement. Certains ont trouvé des longueurs, mais moi pas, je n’ai sauté aucune ligne. J’ai besoin d’être guidée quand je lis du fantastique: comme j’y entre en aveugle, j’aime qu’on me prenne par la main et qu’on pose le décor avec soin. Ça a été le cas ici, et de manière très délicate, sans lourdeur.

L’histoire est bien pensée, l’univers taillé avec précision, et, je le redis, le tout est très bien écrit. J’estime que ce n’est pas parce que c’est un livre destiné aux ados que l’on doit leur faciliter la lecture. J’aime les mots et là, ils ont été réfléchis, pensés, choisis. J’y vois aussi un excellent travail de traduction, même si, n’ayant pas lu l’original, je ne sais pas si elle est parfaitement fidèle. Ce que je sais en revanche, c’est que le texte qui nous est livré est très soigné.

L’univers est tellement immersif qu’on avale les 600 pages sans lever le nez. Je ne me suis pas sentie plonger dans l’histoire, ça s’est fait en douceur. Mais quand j’en suis sortie quelques heures plus tard, contrainte par la fin, j’ai été terriblement frustrée car je voulais la suite très vite. Je me suis vraiment attachée aux personnages, comme si j’avais voyagé auprès d’eux pendant toute ma lecture.

En définitive, j’ai passé un excellent moment en compagnie de Lazlo et des autres. Que ce soit l’histoire, l’univers ou l’écriture, tout m’a plu, même si je dois reconnaître quelques incohérences. Vous l’aurez compris, le tome 2, La muse des cauchemars, sort le 4 avril et rejoindra mes étagères aussitôt!

La voleuse de livres, de Markus Zusak


📚 Résumé de l’éditeur :

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée.
Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt ? Ou sa force extraordinaire face aux événements ? À moins que ce ne soit son secret. Celui qui l’a aidée à survivre et a même inspiré à la Mort ce joli surnom : la Voleuse de livres.


🖋 Mon avis :

Un livre choisi au hasard, pour son titre surtout… Hasard que je remercie car il fait vraiment bien les choses parfois !

Il m’aura fallu quelques pages pour vraiment entrer dans ce livre, mais plusieurs jours pour en sortir. Il a continué à résonner en moi longtemps, d’ailleurs je l’entends encore parfois.

La voleuse de livres, c’est la Mort qui nous la raconte, une mort presque incarnée, presque humaine, très loin des images habituellement utilisées. Une mort hantée par ceux qu’Elle emporte et, parfois, touchée par ceux qu’Elle laisse. Parmi ceux-là, il y a Liesel, une jeune orpheline allemande pendant la seconde Guerre mondiale. Une histoire dans l’Histoire, comme beaucoup d’autres, mais celle-ci m’a particulièrement emportée.

Je ne sais pas si c’est parce que l’angle est différent des autres récits de guerre que j’ai pu lire, ou si cela vient de l’écriture, ou des personnages, ou de l’histoire elle-même, mais j’en suis ressortie bouleversée, les joues humides et les yeux rouges.

J’ai du mal à parler de ce livre. Je ne trouve pas les bons mots. Je l’ai trouvé beau, poétique, nouveau, touchant. Je me souviens de chaque personnage comme si je le lisais encore. C’est un livre que je conseille vraiment mais je ne peux presque vous en donner que le résumé. Je l’ai lu en fin d’année, sans réussir à écrire une chronique satisfaisante dessus. Alors j’ai laissé passer du temps, pensant que les mots viendraient, mais ça n’est manifestement pas le cas… Peut-être est-ce parce que je ne veux pas analyser ce que j’ai ressenti. Je l’ai juste lu, il m’a touché, je l’ai aimé. Et parfois, tout cela ne s’explique pas. Je ne vous dirai pas que c’est devenu mon livre de chevet, ce serait mentir. Je ne peux que vous conseiller de le lire.

( petit aparté : c’est un titre classé en littérature jeunesse. Quand je vous dis qu’on y trouve des perles… )

Caraval, de Stéphanie Garber


📚 Résumé:

Scarlett et sa petite soeur Donatella n’ont jamais quitté l’île où leur père, un homme cruel et tyrannique, les retient captives. À 17 ans, alors qu’elle est sur le point d’être mariée à un inconnu, Scarlett reçoit une lettre de Légende, le maître du jeu Caraval. Cette année, Caraval aura lieu sur l’île des Songes, et Scarlett est invitée ! Depuis toute petite, elle rêve d’assister à ce jeu légendaire et fabuleux… Aidées par Julian, un mystérieux marin, les deux soeurs s’enfuient. Mais à leur arrivée sur l’île des Songes, Donatella est kidnappée par Légende.

Scarlett entre alors dans Caraval avec Julian. Si elle ne retrouve pas sa soeur avant que les cinq nuits du jeu soient écoulées, celle-ci disparaîtra pour toujours…


🖋 Mon avis :

Ces derniers jours, j’ai fait un petit détour et je suis passée par les étagères de la littérature jeunesse. C’est un rayon que j’aime beaucoup, il faut bien l’admettre. On y trouve souvent de vrais talents et des histoires dont mon imagination de gamine a encore besoin. Je ponctue donc très souvent mes lectures « d’adulte » de lectures « d’ado ». Je mets les guillemets, et ils ont leur importance. Je trouve en effet que la littérature jeunesse paie les frais de cette classification car elle devient souvent une barrière que trop de lecteurs n’oseront franchir. Pourtant, croyez-moi, j’y ai souvent fait de très belles découvertes (d’ailleurs, vous pouvez m’écouter parler de tout ça sur le podcast « Dans ta poche » pour l’anniversaire des 40 ans du Livre de poche Jeunesse. Je vous mets le lien, au cas où vous aimeriez m’écouter: https://podcast.ausha.co/dans-ta-poche/pal-en-poche-01 . Le nez bouché et le rhume qui va avec, c’est cadeau…).

La parenthèse refermée, et pour que vous me compreniez un peu, il vous faut aussi que je vous avoue que je suis faible face aux livres… Il suffit souvent d’une jolie couverture, ou d’un résumé qui m’intrigue, ou encore de l’évocation d’un monde imaginaire et magique pour que j’achète. Je suis donc repartie de la librairie il y a quelques jours avec Caraval. Je l’avais beaucoup vu passer sur les réseaux sociaux, la couverture est superbe et le pitch avait éveillé ma curiosité.

Comme je vous l’ai dit, nous sommes dans de la littérature jeunesse, et c’est un détail dont je tiens compte lors de ma lecture. Toutefois, au vu de certaines pépites que j’ai pu trouver dans ce rayon, j’en attends quand même beaucoup. Et là… Et bien là, nous ne sommes clairement pas au niveau d’un Ransom Riggs (auteur des Miss Peregrine ) ou d’une Christelle Dabos (auteure de La Passe-Miroir). Je ne vais pas vous mentir non plus, ma lecture a été plutôt agréable dans l’ensemble mais elle n’a tout de même pas été à la hauteur de mes exigences…

Quand on a goûté à des histoires taillées au millimètre, à des univers travaillés jusque dans les moindres recoins et brodés comme de la dentelle, on est forcément un peu déçu. L’ambiance est sympa mais on manque d’envergure. Entendons-nous bien, de l’envergure il y en a l’intention, mais dans la réalisation, ça manque de précision. J’ai trouvé l’ensemble un peu brouillon. On se perd parfois, on manque de détails, on tâtonne un peu.

Je reconnais que l’histoire est plutôt originale et qu’elle m’a tout de même emmenée jusqu’à la dernière page. Je lirai d’ailleurs Legendary, le deuxième tome, quand il sortira en poche et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que je ne m’arrête jamais à un premier roman, je laisse toujours (ou presque) une deuxième chance à l’auteur. Ensuite, parce que l’histoire ne s’arrête qu’en partie et que j’aime bien aller au bout des choses. Et puis, comme je vous l’ai dit, même si je n’ai pas été transportée, j’ai été portée et c’est déjà pas mal.

C’est donc un bilan mitigé mais pas catastrophique pour autant. Et il m’est avis qu’on en entendra à nouveau parler dans les mois/années à venir puisque le troisième tome sort en anglais en Mai et que la 20th Century Fox a acheté les droits …

La Passe-Miroir T.3 : La mémoire de Babel, de Christelle Dabos


J’ai repoussé ce moment le plus longtemps possible mais je n’y tenais plus! J’ai donc enfin lu le tome 3 de La Passe-Miroir… Et l’attente du tome 4, le dernier, sera encore plus difficile!

Que vous en dire? Rien si vous n’avez pas lu les deux premiers, et que du bien si vous les connaissez déjà. Je ne dévoilerai rien de l’histoire, au risque d’en dire trop pour ceux qui ne l’ont pas encore lue, si ce n’est qu’encore une fois je l’ai adorée !

Dans La mémoire de Babel, Christelle Dabos est fidèle à elle-même, le récit est fluide, les mots sont pesés, choisis avec soin. Les descriptions sont absolument parfaites, à aucun moment on ne saute des mots car rien n’est en trop (oui, je sais, c’est mal mais j’avoue qu’il m’arrive de sauter des lignes entières quand les descriptions sont trop longues et qu’elles n’apportent pas grand chose…). L’univers est si finement tissé qu’on dirait de la dentelle. Et pourtant, il est dense et riche mais jamais l’autrice ne nous perd. Depuis Harry Potter, aucune histoire ne m’avait emportée à ce point. Encore une fois, c’est de la littérature classée jeunesse qui mériterait de se trouver aussi sur les rayons adultes. J’ai décidément beaucoup de mal avec le classement jeunesse… Beaucoup trop de lecteurs passent à côté de vraies pépites en ignorant ce rayon.

Vous l’aurez compris, c’est un coup de cœur, comme pour les deux premiers volets!

Vous connaissez La Passe-Miroir? Si ce n’est pas le cas, je ne saurais que trop vous conseiller de foncer et de partir voyager à travers les arches aux côtés d’Ophélie et de son écharpe !