Requiem pour une apache, de Gilles Marchand

Ceci n’est pas un livre. C’est une porte que vous ouvrez. Et c’est chez Jesus que vous arrivez. En tout cas, c’est ce qu’il m’est arrivé. À peine la première page poussée, j’ai vu le juke box, entendu la guitare, reconnu Dolly Parton, et me suis assise. Autour de moi, ils étaient là. Jolene, Mario, Marcel, Joséphine, Suzanne et les autres. Ils ne faisaient pas beaucoup de bruit au début, mais il suffit parfois d’un rien, d’une allumette, une toute petite étincelle, pour que même les plus taiseux s’enflamment.

Alors, verre en main, j’ai écouté Wild Elo les raconter, eux et la flamme, et plus l’histoire avançait, plus je leur tenais la main. Sourire, yeux mouillés, coeur serré, je comprenais. Faut dire que ça me parlait ce qu’ils vivaient, alors j’étais un peu chez moi au milieu de ceux-là. Oui, eux. Ces gens-là. Ceux qui sont trop ou pas assez. Les moches, les gros, les petits, les grands. Les colorés, les basanés, les trop blancs, trop roux, trop blonds, trop poilus. Ceux qu’on voit mais qu’on ne regarde jamais. Les transparents mais dérangeants. Les snobés. Les sots métiers, les sots tout court. Les badgés qu’on tutoie sans accepter de l’être en retour, qu’on prénomme sans y penser, ni Monsieur ni Madame. Ceux qu’on désigne, qui se résignent. Les trop-femme, les pas assez. Les ridés, les bridés. Les mal sapés, mal nés, mal branlés. Les mal vus, les bien-mais, les moins bien, les différents mais pas vraiment. Ceux qui n’existent au monde que lorsqu’il s’agit de les moquer. Ceux qui ne doivent jamais mal le prendre mais qui serrent les dents pour éviter d’exploser. Et qui finissent par tout laisser passer. Ceux qui ne font tellement pas d’histoire qu’on ne leur en écrit jamais.

Mais ça, c’était avant. Avant que Gilles Marchand n’offre des mots à ceux qui d’habitude en souffrent.
Un réverbère à ceux qui manquent de lumière.
Du coffre à toutes ces voix qu’on n’entend pas.
Et sous son crayon s’est jouée une partition un peu punk qui m’a fait fredonner les Béruriers. Une musique pour ceux qui lèveront peut-être un jour ce poing, serré, trop longtemps resté au fond de la poche.
Un salut à toi, à hommage à tous.
Un incontournable de cette rentrée.

Un battement d’elle, de Gaston Marie

Cette histoire, c’est celle de Sylvie, atteinte d’un cancer en phase terminale. Cette histoire, c’est son battement, le dernier. Celui qui vit encore mais qui emporte. Celui qui dit non, qui dit pas encore. Celui qui dit, tout, quand on ne peut plus parler. Prisonnière de son corps malade, Sylvie se raconte, elle hier, elle aujourd’hui. Elle dit sa vie, sa maladie. Et puis vient ce battement qui engloutit. Cotonneux, sans bruit. Mais de ce battement, Gaston Marie fait un papillon. Il lui donne une elle et un lui. Il lui donne une vie. Et alors, Sylvie renaît, presque, ailleurs. Prisonnière sans parole d’un nouveau corps, encore.

Vous devez vous en doutez, je n’ai pas pu m’en empêcher. Ce voyage poétique et philosophique, je l’ai lu en double. Elle d’un côté, lui de l’autre, le parallèle était presque parfait. Et puis, je les ai fait se croiser. Ça non plus, je n’ai pas pu m’en empêcher. L’écho avait fait trembler mes murs, bien plus que ce que j’avais imaginé. Le cancer pulmonaire, le déni. Le corps qui lâche petit à petit. L’hôpital. Les yeux dans le vague, le regard déjà un peu parti. La voix qui fuit. La morphine, l’Hypnovel. Tout. Alors, quand j’ai refermé le livre de Gaston, je lui ai écrit. « Je sais que ce que j’ai vu comme des réponses à mes questions sur la fin de vie des malades n’en sont pas. Je sais que tu n’es pas dans leur tête, que tout ça n’est qu’une fiction, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre, par moments, une autre voix que celle de Sylvie ». Oui, je le sais, j’ai voulu l’entendre, lui.

Mais j’ai aussi entendu le soignant bienveillant, plein d’amour pour son métier et ses patients. Celui qui fait tout pour que la fin soit moins brute, que les contours soient plus doux. Celui qui met du coton sur les derniers instants. L’auteur est docteur en cancérologie, et je crois que si ce livre est si plein d’humanité, c’est parce que ses deux luis, le médecin et l’écrivain, le sont aussi. Alors merci pour ce Battement d’elle, ce battement d’eux. Celui de ceux qui partent sans pouvoir dire et à qui tu as prêté une voix et tes mots, doux. Beaux.

Petit point sur moi et mes chroniques

Vous l’avez sûrement remarqué, mais il me semblait important de vous le dire quand même : je ne chronique pas vraiment les livres que je lis. Je ne suis ni critique, ni journaliste. Non. Ici, vous ne trouverez pas d’analyse de texte, pas de fiche de lecture. Rien d’objectif (mais peut-on vraiment l’être?). Ce que vous trouverez, c’est moi. Égoïstement.

Quand j’ouvre un livre, je pars. Loin. Je me glisse entre les lignes, m’habille avec les mots, me fonds dans l’histoire. Je peux être colère, tristesse, amour, passion, rage, avec toute l’intensité que cela implique. Je lis comme on joue enfant. Je ressens. J’absorbe. Je ne peux pas être distante.De fait, mes posts/chroniques/retours de lecture, peu importe comment on les appelle, sont le reflet plus ou moins précis de ce que j’ai ressenti. Le bémol vient quand je n’ai pas ou moins aimé. Là, j’y mets du talc. Je suis beaucoup trop respectueuse du travail des auteurs et de ce que leur livre représente pour eux pour être assassine. Mais quand j’ai vibré, j’ai envie de l’écrire à défaut de pouvoir le crier. Envie de vous donner envie (ça me rappelle une chanson ça… 😂). Et je n’ai aucune règle. Je peux adorer une écriture comme une ambiance. Je peux me laisser cueillir par une histoire et pardonner les maladresses de la plume, ou l’inverse. Ou pas.Voilà.

Et l’éclectisme de mes lectures n’est que le reflet de mes envies, en toute liberté. Je lis de tout, je ne suis gênée de rien. Pour moi, les genres ne sont qu’un système de classement, jamais un critère de sélection/exclusion.

Je lis et je vous le dis. Sans a priori ni prétention. Sans retenue. Je peux être noyée par mes larmes ou embrasée par la passion. Parfois, simplement transportée dans un ailleurs qui n’existe pas. Les livres sont mes bottes de sept lieues.

Bref, je lis comme je suis. Et j’écris de la même manière. Avec enthousiasme ou pas. Avec bienveillance, toujours. Sincèrement, évidemment. Exagérément, parfois, sûrement. Et donc très personnellement.

Mon désir le plus ardent, de Pete Fromm

📚 4ème de couverture :

Maddy s’était juré de ne jamais sortir avec un garçon du même âge qu’elle, encore moins avec un guide de rivière. Mais voilà Dalt, et il est parfait. À vingt ans, Maddy et Dalt s’embarquent dans une histoire d’amour qui durera toute leur vie. Mariés sur les berges de la Buffalo Fork, dans le Wyoming, devenus tous deux guides de pêche, ils vivent leur passion à cent à l’heure et fondent leur entreprise de rafting dans l’Oregon. Mais l’enfant qu’ils désirent de tout leur cœur tarde à venir. Un jour, alors que Dalt est en expédition en Mongolie, Maddy apprend une nouvelle qui bouleverse son existence.

🖋 Mon avis :

Je voulais lire une histoire d’amour. Une belle, une forte, pas un truc déjà lu, pas un truc trop facile. Et puis j’ai vu tourner Mon désir le plus ardent sur bookstagram… et finalement, ce que j’ai lu, c’est l’amour. Celui qui dure une vie. Celui qui construit des ponts par dessus tout ce qui s’écroule. Celui qui porte et qui relève. Pas une histoire d’amour, non. L’amour tout court. Celui dont on ne sait parfois plus s’il existe à ce point.

Et puis j’ai découvert Maddy. Une femme forte, vivante, amoureuse. Amoureuse. Vivante. Forte. Une putain de femme si vous préférez. Et alors, j’ai lu la détermination et le courage. J’ai lu une combattante. Une femme fière et debout. Malgré tout. Pour tout.

Je ne sais pas quoi vous en dire vraiment. Que j’ai pleuré ? Que j’ai aimé ? Tout ça et plus encore ?

Ce n’est qu’une histoire, m’a-t-on dit pendant que je m’essuyais les joues. Oui, bien sûr que ce n’est qu’une histoire. Elles le sont toutes dès lors qu’on les raconte. Mais moi je m’en fous. Qu’elle soit vraie ou pas, elle m’a touchée. Ce courage-là, cet amour-là, ils existent quelque part. Ils existent puisque je les ai lus. Et le talent des auteurs c’est de nous y faire croire, même un peu, juste assez pour qu’on éprouve, qu’on ressente. Et croyez-moi, Pete Fromm a du talent, beaucoup de talent.

Douce, de Sylvia Rozelier

📚 Résumé :

 » Au début, l’amour, ce n’est rien encore. Un regard furtif, une odeur ou un son, une attraction ou le contraire, une aversion ou une pointe d’agacement. Ensuite, c’est trop tard. L’amour nous a cueillis, possédés, dépossédés, nourris et affamés. Entre les deux, entre le moment où j’étais encore moi-même et celui où je devins malade d’amour, que s’est-il passé ?  »

Roman de l’amour fou, Douce touche le lecteur en plein cœur. Il nous entraîne, étape par étape, dans les rouages de la passion. De la rencontre à la fusion, de la première défection aux premiers silences, aux premières absences ; de la trahison à la renaissance.

🖋 Mon avis :

« Il y a du supplice dans la passion, le mot l’indique » – Alain

Douce est intelligente et lucide mais impuissante, prise dans une relation destructrice qui lui colle au cœur.

C’est un amour-nicotine, toxique et puissant. C’est mauvais, elle le sait mais n’arrive pas à s’en défaire. Une passion-fusion qui ne laisse plus de place à l’autre, à soi. Une relation qui ombrage. Des éclaircies, parfois, puis l’orage, les nuages, noirs. Espérer sans cesse un soleil qui ne vient plus.

C’est un amour comme une folie, qui aliène, qui entrave. Un syndrome de Stockholm amoureux.

Douce est incapable de partir, enchaînée par le cœur à un homme manipulateur, menteur, pervers. Prise au piège. Le loup est entré à pas feutrés, sans bruit. La larve parasite le coeur et l’esprit.

Sylvia Rozelier nous offre un récit habité, cousu aux fils, intimes, de soi. L’écriture est envoûtante, belle, profonde, troublante de justesse. J’ai lu douce-ment parce qu’il le fallait, le rythme s’est imposé à moi. Chaque phrase est travaillée avec une minutie telle que l’on veut lire et relire encore. Je me suis enfermée dans ces pages. La scène de La Rouge m’a bouleversée, j’ai senti le malaise s’insinuer en moi et je suis tombée moi aussi. La puissance d’évocation visuelle et émotionnelle qui s’échappe de ce livre est incroyablement empoignante.

Vous dire que j’ai aimé Douce ne lui rendrait pas justice. J’ai été attrapée par ce livre. J’ai rencontré une plume et une sensibilité qui m’ont bouleversée. Sylvia Rozelier m’a prise dans ses filets et je ne me suis pas débattue. Merci.

Toutes les couleurs de la nuit, de Karine Lambert

📚 Résumé :

Le diagnostic est irrévocable. D’ici trois semaines, Vincent aura perdu la vue. Confronté à son destin, ce prof de tennis de trente-cinq ans qui avait tout pour être heureux expérimente le déni, la colère et le désespoir.Comment se préparer à vivre dans l’obscurité ? Sur qui compter ? Alors que le monde s’éteint petit à petit autour de lui et que chaque minute devient un parcours d’obstacles, il se réfugie à la campagne où il renoue avec ses souvenirs d’enfance. Les mains plongées dans la terre, Vincent se connecte à ses sens, à l’instant présent et aux autres. Il tente de gagner le match de sa nouvelle vie.C’est l’histoire lumineuse d’une renaissance, d’une transmission familiale et d’un amour hors normes. Une immersion sensorielle dans un univers méconnu. 

🖋 Mon avis :

Perdre la vue. Savoir que ça va arriver et ne pas pouvoir l’empêcher. Et puis, un matin, plus rien, le noir quasi complet. Voilà un cauchemar que j’ai beaucoup fait après avoir perdu la vue de l’œil droit. Le sujet abordé par Karine Lambert a donc trouvé une résonance particulière en moi.

Vincent va devoir tout réapprendre, à tâtons, et tirer un trait sur sa vie d’avant. On le suit dans toutes les étapes de son deuil : le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation et enfin l’acceptation et la reconstruction. Grâce à une écriture légère et maîtrisée, l’autrice nous embarque dans le parcours difficile d’un homme qui perd tous ses repères et qui devra en poser de nouveaux.

C’est un récit presque initiatique, un roman d’apprentissage, dans lequel le personnage principal va devoir s’affranchir du monde tel qu’il le connaissait. C’est un éveil, une quête, pour tenter de reprendre le dessus et de percevoir une nouvelle beauté, un nouveau monde, autrement. Sentir, goûter, toucher, écouter, se réapproprier des sens jusque là jamais vraiment exploités et appréciés à leur juste valeur. Apprendre à avancer, les mains devant, et s’inventer de nouveaux paysages.

On sent que l’autrice s’est très bien renseignée sur le sujet tant les réflexions, le cheminement et le bouillonnement intérieur de Vincent sont réalistes et justes. Karine Lambert nous livre une belle histoire de vie et de résilience à travers un parcours sensoriel à fleur de peau.

Je remercie Netgalley et les éditions Calman Levy pour cette belle découverte.

Hurler sans bruit, de Valérie Van Oost

📚 Résumé :

Alex, Isabelle, Marine. Trois femmes, trois amies. Ensemble, elles ont connu des drames, affronté des obstacles. Mais tout ne se partage pas, même avec ses meilleures amies. Certains secrets sont gardés, enfouis. Jusqu’au jour où l’on vient les déterrer. Ainsi, quand Jeanne, la fille d’Alex, se trouve confrontée à un choix difficile, les trois amies tombent le masque. Leur amitié sera-t-elle assez forte pour surmonter les révélations ? Au travers de ses trois héroïnes, l’auteur nous dresse le portrait des femmes d’aujourd’hui, des enjeux que sont pour elles la carrière, la maternité et la vie de couple. Une histoire poignante sur la résilience au féminin.

🖋 Mon avis :

Au-delà de l’histoire, c’est tout ce qu’il y a autour qui m’a plus ici. Ces femmes, chacune différente, chacune semblable, liées les unes aux autres par une amitié forte mais qui ne dit pas tout. J’ai aimé leurs forces et leurs faiblesses.

Que cachent-elles ? Ce n’est pas pour le savoir que j’ai tourné ces pages sans m’arrêter. Non, j’étais tenue par le « pourquoi ». Hurler sans bruit, crier en silence. Ne pas tout dire. Se construire sur des failles et grandir. C’est une histoire de femmes et une histoire de maternité, sous toutes les formes qu’elle peut prendre: vouloir un enfant ou pas. En avoir un, ou plein, ou aucun. En avoir eu. Ne pas pouvoir. Et puis s’en expliquer ou se taire. Mentir. Cacher. Ne pas en parler. Pourquoi ? Chacune a ses raisons, chacune fait comme elle peut avec ce qu’elle est.

Et puis il y a l’amour, sous toutes ces formes aussi, comment on le vit, comment on le veut et ce qu’on en fait. L’amour fou ou sans remou, l’amour ancien et le tout neuf, celui qu’on garde, celui qu’on tait, celui qu’on a perdu, celui qui s’effrite ou celui qui naît.

Ces femmes, on les croise tous les jours, on en est peut-être une ou toutes un peu en même temps. La plume est juste et sincère, drôle parfois et émouvante. C’est un premier roman que j’ai découvert grâce à La Bibliothèque de Juju et je le remercie ! J’ai passé un joli moment de lecture.

I am I am I am, de Maggie O’Farell

📚 Résumé :

Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse.
Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée.
Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement…

Dix-sept instants.
Dix-sept petites morts.
Dix-sept résurrections.

Je suis, je suis, je suis.
I am, I am, I am..

🖋 Mon avis :

C’est une autobiographie, et je n’aime pas ça. Ça démarrait mal…
Et pourtant ! Heureusement que je ne me suis pas arrêtée à ça ! Comme quoi, les genres…

17. C’est le nombre de fois où Maggie O’Farrell a frôlé la mort et ce sera son point de départ: écrire sa vie à partir de ces « presque morts ». Et l’idée est excellente car on ne se sent jamais aussi vivant que lorsque l’on vient de passer à côté de la fin. Ce sont donc peut-être de ces moments dont il faut se souvenir, de ce qu’ils ont changé en nous, de comment on s’est construit ensuite. Certaines personnes y verront un manque de chance, 17 fois tout de même ! L’autrice se dira tout le contraire. Elle est toujours là, mère, femme et épouse. Elle est passée à travers. Elle est vivante. De la chance, elle n’en a pas manqué.

Le récit n’est pas construit chronologiquement, Maggie O’Farrell part d’un moment pour arriver à un autre, sans logique apparente. Les chapitres peuvent être courts ou très longs. On a l’impression de se balader sur un chemin non balisé, de se perdre, de faire un pas en avant puis deux en arrière, mais c’est une illusion. Le texte est construit, bâti de sorte qu’il nous amène aux derniers chapitres. L’autrice se raconte comme elle le sent et nous mène où elle veut. Chaque fois elle part de l’organe qui a été ou aurait pu être touché (et qui aurait donc pu causer sa perte), et le chapitre se déroule. Chaque souvenir vient nous peindre celle qui, au-delà de toutes ces morts évitées, a vécu et vit toujours. On se retrouve comme face au dessinateur qui commence son esquisse. On ne sait pas où il va, ni même très bien ce qu’il fait, mais tout prend forme petit à petit et, quand il pose ses crayons, on comprend enfin : c’est un portrait.

En bref, c’est un récit vraiment particulier, original et plein d’émotions, celles de l’autrice et celles qu’elle provoque. Et c’est surtout une belle découverte !

Je remercie @editionsbelfond ainsi que @netgalleyfrance de m’avoir permis de découvrir ce titre et cette autrice.

Le meilleur des mondes, de Aldous Huxley

« Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu’on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n’arrive pas à la cheville de l’instabilité. Et le fait d’être satisfait n’a rien du charme magique d’une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d’un combat contre la tentation, ou d’une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n’est jamais grandiose. »

Il y a près d’un siècle, Aldous Huxley imaginait une société où tout se fabrique et se consomme, y compris les êtres humains et le bonheur. Une société dans laquelle les hommes sont créés dans des flacons puis conditionnés afin d’être mis là où on les veut, dans l’une des castes de travailleurs choisie avant même leur création, illustrant un eugénisme poussé à l’extrême. Une société où règne la stabilité grâce au conditionnement et à la drogue. Plus d’art, d’amour ou de libre arbitre, tous les vecteurs d’une instabilité potentielle ont été écartés pour que règne un équilibre universel.

A plusieurs reprises, j’ai dû me forcer à me rappeler que ce livre avait été écrit en 1931 tant les visions de l’auteur trouvent un écho dans le monde d’aujourd’hui.

Ici, on voit les dangers des dérives des sciences et des technologies, même sous l’influence de bonnes intentions. A vouloir vivre dans un monde parfait dans lequel tous les hommes seraient heureux, ces mêmes hommes n’ont fait que créer un réseau de clones sous anti-dépresseur, sans âme et sans sentiment, évoluant dans un environnement parfaitement contrôlé, lisse et aseptisé.

Il m’aura fallu m’accrocher pendant les premières pages que j’ai trouvé vraiment laborieuses, mais ensuite, le récit est fluide et efficace. Mais ce n’est pas tant le style qui m’a plu, que l’histoire et la réflexion qu’elle entraîne. J’ai vraiment adoré cette lecture et je vais très rapidement la compléter par Retour au meilleur des mondes, mais elle est un peu à part. Je ne la mettrai pas dans mes coups de cœur mais pourtant je m’en souviendrai et je la conseillerai. J’ai l’impression que c’est un de ces livres qu’on ne referme jamais vraiment tant il fait réfléchir, discuter et se poser de questions. C’est donc une vraie belle surprise pour moi (oui, je vous avoue que j’y allais un peu à reculons… Le genre « roman d’anticipation dystopique » ne me parlait pas vraiment mais maintenant, c’est décidé, je vais définitivement arrêter de regarder à quel genre littéraire appartiennent les livres avant de les avoir lus. Je m’en fais de fausses idées et ça me fait passer à côté de trop de très bons écrits).

D’ailleurs, ça vous fait ça aussi ? Un genre dont vous n’avez pas l’habitude peut vous bloquer ?



À la Une

Bienvenue sur les étagères de ma bibliothèque…

Policiers, thrillers, jeunesse, fantasy, littérature française ou étrangère…  Chez moi, on trouve un peu de tout ! Je n’ai d’a priori ni sur les genres, ni sur les auteurs ou sur les maisons d’édition. Je fonctionne aux coups de cœur et souvent aux recommandations : une jolie couverture, un résumé ou un extrait intrigant, drôle ou émouvant, un avis qui donne envie sur Instagram et c’est parti ! Mes envies livresques sont guidées par ma curiosité.

Sans prétention aucune, je vous livrerai donc ici mes avis sur mes lectures, mes coups de cœur comme mes déceptions. Mais pas que ! Cette page vivra à mon rythme et j’y laisserai aussi mes humeurs, mes réflexions, toutes ces choses que l’on veut dire sans savoir à qui.

Je vous emmène donc avec moi découvrir ce qui se passe devant et derrière mes lunettes…