Travail soigné, de Pierre Lemaître

📚 4ème de couverture :

Dès le premier meurtre, épouvantable et déroutant, Camille Verhoeven comprend que cette affaire ne ressemblera à aucune autre. Et il a raison. D’autres crimes se révèlent, horribles, gratuits… La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la « méthode Verhoeven ». Policier atypique, le commandant Verhoeven ne craint pas les affaires hors normes, mais celle-ci va le laisser totalement seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu. Jusque dans le moindre détail. Jusqu’à la vie même de Camille qui n’échappera pas au spectacle terrible que le tueur a pris tant de soin à organiser, dans les règles de l’art…

🖋 Mon avis :

Mr Leprofesseur.

Dans sa classe, ça ne rigole pas.

Règle n°1 : installez-vous bien parce que vous n’êtes pas prêts de vous lever.

Règle n°2 : silence. On se tait et on lit.

Règle n°3 : sortez papier, crayon et carte bancaire. Vous saurez pourquoi bientôt.

Enfin, pour être honnête, je crois que vous le savez déjà. La trilogie Verhoeven n’a pas besoin de moi pour faire parler d’elle. Tant pis pour vous, je suis là quand même.

Alors, je vous en dis quoi ? Des corps en morceaux, un inspecteur nabot, de la littérature… voilà. Quand on se dit que, sûrement, les auteurs s’inspirent des meurtres les plus horribles pour écrire, Mr Lemaître décide que dans son livre, ce sera l’inverse. Rien que ça. Bah non, pas rien que ça. Mais je ne vous dirai rien d’autre. Rien d’autre que « putain, c’était bien ! ». Un bon putain vaut tous les mots. Alors ce sera le seul.

Ce que je peux ajouter toutefois, c’est qu’au fur et à mesure, j’ai noté les références et commandé la suite sans attendre de l’avoir terminé (règle n°3 : papier, crayon, CB. CQFD), et pourtant, croyez-moi, j’ai pas traîné. Ça fait ça les bons bouquins, ça colle aux doigts jusqu’à la fin. Et comme c’est une trilogie, je me prépare donc à me faire des moufles avec les deux derniers. Et avec le temps qu’il fait, ça tombe pas si mal.

PS : Encore une fois, j’ai lu sur l’invitation de labibliothequedejuju. Enfin, sur l’invitation… il a plongé sa main au milieu d’une rangée de livres pendant une de nos ballades en librairie, en a sorti celui-ci et m’a dit : « Comment ça ?! Tu n’as jamais lu Lemaître ?!! Mais il faut ! Lis celui-là d’abord. ». J’ai pris peur et le livre avec. Il y a des ordres qui se discutent pas. Maintenant que j’ai fermé la dernière page, je comprends mieux le regard qu’il m’avait lancé. C’était aberrant de ne pas l’avoir lu plus tôt !

Le manufacturier, de Mattias Köping

📚 4ème de couverture :
Le 19 novembre 1991, une poignée de paramilitaires serbes massacrent une famille à Erdut, un village de Croatie. Laissé pour mort, un garçonnet échappe aux griffes des tortionnaires, les Lions de Serbie. Un quart-de-siècle plus tard, l’avocate Irena Ilić tente de remonter la piste jusqu’à la tête du commando, le sinistre Dragoljub.

Le 1er avril 2017, les cadavres d’une femme et de son bébé sont retrouvés dans la banlieue du Havre, atrocement mutilés. Niché dans le dark Web, un inconnu sous pseudonyme revendique le double meurtre et propose les vidéos de ses crimes à la vente sur son site Internet… Depuis quand sévit-il ? Prêt à transgresser la loi, le capitaine de police Vladimir Radiche s’empare de l’affaire qui sème la panique sur le pays, au risque de voir l’inimaginable s’en échapper.

Les deux investigations vont se percuter avec une violence inouïe. L’avocate et le flic ont des intérêts divergents et sont prêts à se livrer une guerre sans merci. Emportés dans l’abîme du terrifiant conflit yougoslave, les enquêteurs évoluent dans un vertige noir, gangrené par la violence et la corruption, où les plus pourris ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Crimes contre l’humanité, meurtres en série, fanatismes religieux, trafics entre mafias sans scrupules, l’étau se resserre au fil des chapitres. Les égouts de l’Histoire finiront par déborder, et vomir des monstres trop vite oubliés.
N’ayez pas peur.
Oui, il y a tout cela dans Le Manufacturier.

Non, il n’y a pas d’autre issue.

🖋 Mon avis:

Serbo-croate. J’avais 11 ans et ce mot me revenait sans cesse. Télé, radio, journaux. Je n’en savais pas grand chose si ce n’est que ça tapait, fort. Que là-bas aussi, les gens n’arrivaient pas à s’entendre. Que là-bas aussi, on pensait tout résoudre en faisant couler le sang et régner la terreur.J’ai demandé pourquoi, mais la haine c’est complexe. Ça prend souvent racine tellement loin qu’on n’en voit plus le début. Ça va souvent si loin qu’on n’en voit pas la fin. Alors on m’a dit « tu es trop jeune. C’est compliqué. ». Entendez par là « on n’y comprend rien non plus ». A ce moment-là, je n’ai pas cherché, et le mot est resté. Quelque part entre ma tête et mon coeur, coincé dans le fond de ma gorge, avec tous les autres conflits compliqués. Impossible à avaler, impossible à cracher. Impossible à comprendre vraiment, même plus tard, même en essayant.

Serbo-croate. Tiens, le voilà qui revient. Dans un livre qui ne m’expliquera ni la haine, ni le sang. Dans un livre qui ira encore plus loin que ce que j’avais imaginé. Dans un livre qui parlera de ça mais pas que. Dans un livre dont je ne vous dirai rien de plus, parce qu’il faut le lire.

Mais vous n’êtes pas prêts, je vous préviens. Personne ne l’est. Après l’uppercut de Les démoniaques, je pensais être armée, mais ce n’était rien. Le manufacturier m’a coupée, tranchée, saignée. Autopsie d’une lectrice…

– Examen général : c’est pas beau à voir. Il faudra recompter pour être sûr, mais à vue de nez, il y a plus 500 pages plantées partout dans les chairs.

– Examen pupillaire : plein phare, dilatation maximale. La cornée est salement amochée. C’est du sang, là ? Si, juste au coin ? Ah oui.

– Incision en Y. Sortez lui le cœur. Ouch ! Il a morflé aussi. Comme si on lui avait serré, pressé à l’extrême. Appuyez pour voir. Les larmes coulent. Les poumons peinent. Merde. Elle vit encore. Remballez !

– Scalp. Le cerveau a l’air libre. A l’air, oui. Libre, non. Pris dans un étau de mots, enchaîné par des phrases, il est impossible à sortir. On notera des tâches d’encre plein le cortex préfrontal. Ça remue là-dedans. Oh, je crois même que ça fume. C’est pas vrai ! Il y a encore quelqu’un ici aussi ! Ça craint.

– Analyse du bol alimentaire : Elle avait mangé léger. Heureusement. Par contre, ça sent le rhum. Faites une prise de sang, faut vérifier l’alcoolémie.

Allez messieurs, on referme. Sutures. Ça va pas être beau, je vous préviens. Il restera des traces. Ça va la marquer, c’est sûr. Tant pis. Rangez moi ce sac, on n’en a plus besoin finalement. Faut croire que c’était pas son heure. Envoyez-la en réa.

Bilan à J+3 : à surveiller. Elle n’a plus de Köping à se mettre sous les yeux, le manque va être difficile à gérer. On a bien cru l’avoir perdue mais elle a tenu bon. Désolés pour les cicatrices, on pensait vraiment que c’était fini… Elle est costaud quand même ! Mais dites lui d’y aller mollo la prochaine fois. Et de ne conseiller ce livre qu’à des gens qui auront été préparés avant. On n’a pas que ça à foutre.

Bilan définitif : la patiente semble aller bien. Très bien même. Apparemment, « she’s köping », de ouf.

And you, are you köping too ? ( oui,en anglais. Je vous refais les dictionnaires dans toutes les langues. Je trouvais que ça sonnait mieux.)

Les démoniaques, de Mattias Köping

📚 4ème de couverture :
Ils reprennent en choeur :

« Joyeux anniversaire, salope ! Joyeux anniversaire, salope ! »

Ils l’ont encerclée, hilares, à poil. Ils sont tous là, son père, son oncle, Simplet, Waldberg, Delveau, Beloncle. Elle est à quatre pattes au milieu de la meute, fragile et nue, déchirée de sanglots. Son père la maintient par les cheveux.

Elle s’appelle Kimy.

Ce soir, on fête ses quinze ans.

🖋 Mon avis :

Ouch ! J’ai eu l’impression de me prendre un coup de paume dans la tempe : ça cogne et ça résonne. La 4ème de couverture m’y avait préparée pourtant, mais wahou…

Mattias Köping nous plonge dans la fange et pourtant ce n’est pas ce que j’en garde. Pédophilie, inceste, prostitution, meurtres, drogue… il ne nous épargne rien. Mais au milieu de tout ça, se dresse Kimy. Kim. 18 ans à peine mais un passé lourd du pire. 18 ans à peine mais une volonté incroyable et un caractère bien trempé. Et c’est elle que je retiens. Je ne peux pas lui lâcher la main. Elle. Comme un rai de lumière qui traverse cette noirceur grasse et écœurante. Comme un bourgeon qui tente une percée à travers le purin.

L’écriture vive, nerveuse et maîtrisée de l’auteur m’a fait tourner les pages comme si ma santé mentale en dépendait. Impossible de lâcher ce livre avant de l’avoir terminé. J’ai même retenu mon souffle par moment pour ne pas faire de bruit, comme si les personnages pouvaient m’entendre… et ça, croyez-moi, c’est signe que ça m’a complètement embarquée !

J’étais en colère, je voulais la vengeance, mes poings se serraient autant que mes mâchoires. C’est noir, dérangeant, mais pourtant, impossible de lever le nez. On m’avait dit qu’il fallait avoir un verre de vin à proximité, en fait il m’en aurait presque fallu un tonneau ! Ou du rhum… c’est bien aussi le rhum…

Bref, si vous cherchez une lecture feel-good ou un simple roman policier, passez votre chemin. De toute façon, le pitch annonce clairement la couleur. Mais si vous êtes prêts à tenter une plongée au cœur de ce que l’homme est de pire, alors foncez. Ce serait vraiment dommage de passer à côté. Moi en tout cas, j’ai adoré.

Surface, d’Olivier Norek

📚 Résumé :

Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.
Là-bas, personne ne veut de son enquête.

🖋 Mon avis :

Surface : (nom féminin) Partie extérieure (d’un corps), qui le limite en tous sens ; face apparente.

L’autre (pré)nom féminin important dont vous vous souviendrez en refermant ces pages sera celui de Noémie. No. Une interpellation qui tourne mal et il lui faudra alors apprendre à voir au-delà de sa propre apparence et à composer avec la nouvelle, apprendre à perdre un peu d’elle-même pour mieux se retrouver. Apprendre à refaire surface. Ce personnage féminin de capitaine de police est fort, très fort. Cette femme à la gueule cassée, au caractère bien trempé et à la répartie aussi drôle que cinglante m’a plue ! Je salue d’ailleurs le travail de l’auteur quant à la psychologie de ces personnages. C’est fin, documenté et vraiment intelligent. Mais je salue également le talent. Parce que là, vraiment… Quel page-turner ! Ça passe vite, trop vite. Les pages filent, on se prend dedans, et bam ! Dès les premières pages, le titre prend tout son sens et se fera fil rouge.

Et justement, la surface, vous n’allez pas y rester longtemps. Plane et tranquille, ou fracassée et difficile à regarder, il va falloir aller plus loin. Je ne peux pas vous en dire plus, il faut absolument que vous le lisiez vous-même. Et si vous hésitez parce que vous ne trouvez pas que l’Aveyron soit une région assez sexy pour un bon polar (oui, j’avoue, c’est ce que je pensais…), et bien détrompez-vous et faites comme moi : plongez dans ces pages, tête la première, sous la surface.

Tangerine, de Christine Mangan

📚 Résumé :

Tanger, 1956. Alice Shipley n’y arrive pas.
Cette violence palpable, ces rues surpeuplées, cette chaleur constante : à croire que la ville la rejette, lui veut du mal.
L’arrivée de son ancienne colocataire, Lucy, transforme son quotidien mortifère. Ses journées ne se résument plus à attendre le retour de son mari, John. Son amie lui donne la force d’affronter la ville, de sortir de son isolement.
Puis advient ce glissement, lent, insidieux. La joie des retrouvailles fait place à une sensation d’étouffement, à la certitude d’être observée. La bienveillance de Lucy, sa propre lucidité, tout semble soudain si fragile… surtout quand John disparaît.
Avec une Tanger envoûtante et sombre comme toile de fond, des personnages obsessionnels apprennent à leurs dépens la définition du mot doute.

🖋 Mon avis :

Il y a du Talentueux Mr Ripley dans ce livre, mais avec un petit truc en plus. Ce « petit truc » n’est pas anecdotique. C’est Tanger. Tanger l’enivrante, la mystérieuse, l’enveloppante. C’est la ville qui impressionne et inhibe les uns, mais qui autorise aussi les excès des autres. Et quelque part dans ses rues, se joue une histoire de femmes.

Il y a Alice, une jeune anglaise perturbée, sous la coupe de son mari, effacée, engluée. Et puis il y a Lucy, son amie venue lui rendre visite, une jeune femme forte, sûre d’elle, téméraire. Tandis que l’une n’ose pas sortir, l’autre s’approprie la ville. Leur histoire a démarré ailleurs mais le fil ne s’est pas rompu. Ici, il reprend son tissage et le nœud se resserre. La toile sombre se déploie sous le soleil comme une chape de plomb. Et à contre-jour se dessinent les ombres.

C’est un huis-clos à ciel ouvert mais on manque d’air. Les murs sont dressés, non plus par la ville ou l’appartement, mais par les personnages eux-même. Manipulation, mensonges, folie… et puis la chaleur pesante du Maroc qui nous colle à la peau… Bientôt Tanger s’incarne et nous embarque. La tension monte, on s’interroge, on s’énerve. J’ai terminé ma lecture en apnée, agacée, révoltée. Et puis j’ai respiré. Et je me suis dit que c’était bien joué !

En bref, un très bon premier roman, un thriller psychologique machiavélique bien mené et vraiment prenant. Je remercie Netgalley et les éditions HarperCollins pour cette lecture.

Alice, de Heidi Perks

📚 Résumé :

Une enfant disparaît. Deux versions du drame. Une seule vérité. Harriet avait confié sa fille à sa meilleure amie Charlotte pour un après-midi à la kermesse de l’école. Charlotte est persuadée de n’avoir quitté Alice des yeux qu’une fraction de seconde. Le temps pour la fillette de se volatiliser. Dévastée, Harriet ne peut plus envisager de revoir Charlotte. Elle ne lui fera sans doute jamais plus confiance. Mais elle n’aura pas le choix. Car, deux semaines plus tard, les deux femmes sont convoquées par la police pour être interrogées séparément. Il semblerait que chacune d’elles ait des choses à se reprocher…

🖋 Mon avis :

Quand le cauchemar de tout parent prend vie… Voilà une lecture qui m’aura causé quelques nuits agitées ! Je ne suis pas une mère détendue. Je vois le mal et le danger partout. Je prépare les promenades, je suis toujours près des toboggans, je cours après les trottinettes. Ce n’était peut-être pas une lecture pour moi finalement ! Ou bien si. Parce que, justement, sur moi, ça prend.

J’ai été happée par ce thriller angoissant, et j’ai tourné frénétiquement les pages en me répétant sans cesse: « Oh non ! Je ne sais pas ce que je ferais si… ». Je ne pouvais pas lâcher ce livre, il fallait que je sache. Et puis je me suis prise d’affection pour ces femmes. Je me suis vue en chacune, en celle qui surprotège comme en celle qui se tracasse moins. Deux mères, deux femmes, qui font de leur mieux chaque jour. Elles font ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles ont, avec ce qu’elles sont. La psychologie des personnages est développée avec soin et intelligence pour se mettre parfaitement au service de l’histoire et de l’intrigue, et ça m’a plu.

Il y a plusieurs dimensions dans ce livre mais je ne peux pas parler de toutes sans vous spoiler honteusement. Il y a la disparition de l’enfant, bien sûr, et tout ce que l’impuissance face à elle entraîne: la culpabilité, la colère, l’angoisse. Il y a aussi la force de frappe et de destruction de l’individu par l’opinion publique, celle qui se construit sur les jugements faciles, le manque d’empathie, la puissance de l’effet de groupe et la facilité du commentaire sous un article publié en ligne. Au-delà du thriller, on s’interroge.

Heidi Perks signe là un très bon thriller psychologique qui ne va pas arranger mes angoisses mais qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin ! C’est un premier roman qui me fait dire qu’on entendra sûrement beaucoup parler de l’autrice à l’avenir.

Un grand merci à Netgalley et aux éditions Préludes pour la découverte !

Mémoire brisée, de E.U Chirovici

📚 Résumé :

New York, de nos jours. Par une nuit pluvieuse, le docteur James Cobb, un psychologue renommé, donne une conférence sur les souvenirs enfouis. À la sortie, il est abordé par un inconnu, un homme gravement malade qui, quarante ans auparavant, s’est réveillé dans une chambre d’hôtel parisien à côté du corps sans vie d’une femme, sans aucun souvenir de la soirée. À l’heure de sa mort, il a besoin de comprendre : est-il un meurtrier ou un simple témoin ?
Intrigué, James Cobb plonge dans ce mystère vieux de plusieurs décennies. Mais autour de lui, les récits divergent et les interprétations se multiplient. Quand des secrets tout droit sortis de son propre passé rejaillissent, James Cobb est le seul à pouvoir démêler le vrai du faux.

🖋 Mon avis :

La mémoire nous joue des tours, on enjolive ou empire nos souvenirs, mais quoiqu’il en soit, ils ne restent jamais intacts. Chacun a donc une version personnelle et, par conséquent, imparfaite des faits. Nous ne gardons d’un instant ou d’une période qu’une sorte de tableau mental peint par nos émotions et déformé par le temps. C’est à partir de ce constat qu’Eugen Ovidiu Chirovici va tricoter son histoire et il le fait bien.
Ce n’est pas un thriller palpitant, on ne retient pas son souffle, mais j’ai aimé tâtonner, chercher, en apprendre sur les personnages pour mieux les comprendre.

Attirée par le résumé, je me suis lancée dans ce roman sans rien en attendre. Est-ce pour cela qu’il m’a tant plu? Peut-être. Je n’en avais pas entendu parler et je ne comprends toujours pas pourquoi ! Ce livre est très bon ! Je ne connaissais pas non plus l’auteur, mais croyez-moi, je vais le suivre. Il a tout de même réussi à me tenir éveillée toute une nuit tant je voulais absolument savoir. Savoir qui et pourquoi, et comment, et… une vraie partie de Cluedo !

En bref, j’ai vraiment aimé ma lecture et je ne regrette pas mes cernes ! Et, si vous non plus vous ne connaissez pas ce titre, je ne peux que vous conseiller de le découvrir à votre tour !

Je remercie Netgalley France et les éditions Les Escales de m’avoir permis de faire cette découverte.

November road, de Lou Berney

📚Résumé :

Sur une route perdue de l’Ouest américain, un homme roule à tombeau ouvert.
Cet homme, c’est Frank Guidry. À ses trousses, un tueur à gages mandaté par le mafieux Carlos Marcello, qui veut se débarrasser d’un témoin indésirable dans le crime du siècle  : l’assassinat de JFK.
Guidry sait que la première règle, quand on est en cavale, est de ne pas s’arrêter. Et que la seconde est de ne compter que sur soi-même. Pourtant, lorsqu’il aperçoit, au bord de la route, une femme avec une voiture en panne, deux petites filles et un chien sur la banquette arrière, il y voit une proie facile. Et la couverture qui lui permettra de leurrer l’homme qui le traque.
Alors, Guidry prend le risque.
Il s’arrête.

🖋 Mon avis :

Quand je commence un livre, je sais assez vite s’il va me plaire un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout. Il y a le style, bien sûr, l’histoire aussi, mais il y a surtout ce petit quelque chose en plus qui fait que je bascule ou pas. Mais c’est fragile, les dernières pages peuvent tout faire tomber comme on souffle sur un château de cartes. Quoiqu’il en soit, si j’arrive à me projeter dans l’histoire, à faire plus que la visualiser, à rentrer dedans, c’est souvent gagné. Ça a été le cas ici. Du début à la fin.

Il faut dire qu’avant même d’ouvrir ce livre, il avait tout pour me plaire: le décor (de la Nouvelle Orléans au Grand Ouest américain), le contexte (les années 60, la pègre, la mort de Kennedy), l’idée de départ ( un témoin gênant, sa fuite, une rencontre). Et à peine commencé, je n’ai pas pu le lâcher. J’ai été prise dans ce roman choral comme dans un filet. Le personnage principal fuit, mais moi je n’ai pas pu. Ou plutôt si, j’ai fui avec lui, mais je suis restée prisonnière de l’histoire pour mon plus grand plaisir.

Lou Berney part de la mort de Kennedy et la revisite en l’inscrivant parfaitement dans son époque. Il profite des interrogations que suscitent encore cette affaire pour broder son histoire. L’une des forces de ce roman est là d’ailleurs, dans la cohérence et la vraisemblance de sa version. On peut y croire, et donc on accroche.

Mais il n’y a pas que ça. Les personnages sont tellement vivants qu’on fait plus que les regarder : on les aime, on les déteste, on essaie de les comprendre, on leur parlerait presque. Il y a un vrai travail de fait, on le sent. C’est fluide, rythmé, intelligent. L’écriture est tellement immersive qu’elle nous fait plonger au cœur de l’histoire. Je me suis complètement laissée embarquer dans ce road trip en noir et blanc. Il ne m’a manqué qu’un « bon vieux scotch on the rocks » et une cigarette… En bref, c’est une excellente lecture, délicieusement rétro, qu’on ne lâche pas facilement !

Mille mercis à NetGalley France et aux éditions Harper Collins pour cette découverte !

Si je mens, tu vas en enfer, de Sarah Pinborough

📚 Résumé de l’éditeur :

Lisa. Ava. Marilyn. Toutes ont un secret. Lequel est le plus terrible ? Brisée par un passé tragique, Lisa n’a d’autre rêve qu’une vie sans histoire, à l’abri des regards. Mais quand sa fille, Ava, sauve un petit garçon de la noyade et que l’adolescente devient une héroïne locale, leur monde menace de s’effondrer.
Marilyn, elle, a un mari parfait, une maison parfaite, un boulot parfait. Pourtant, lorsque la vie de sa meilleure amie, Lisa, est sur le point de s’écrouler, la sienne bascule.
Un instant aura suffi à bouleverser l’existence de ces trois femmes. Il y a des secrets qu’il vaudrait mieux ne jamais voir ressurgir. Il y a des fautes qu’on ne peut pas oublier. 

🖋 Mon avis :

Je venais de refermer Le saut de l’ange de Lisa Gardner qui ne m’avait absolument pas convaincue quand j’ai commencé Si je mens, tu vas en enfer. Et là, on change clairement de niveau. Bon, mon avis sera court car j’ai toujours peur de trop en dire pour ce genre de livre. Ce que je peux dire en revanche, c’est que ce thriller psychologique est terriblement bien mené !

Tout est bien pensé, les secrets sont levés petit à petit, sans pour autant que cela devienne lent ou ennuyeux. Par moment, j’ai cru savoir, et puis non, et c’était reparti. J’ai deviné certains détails mais ça ne m’a pas menée bien loin et je suis restée accrochée au livre jusqu’au bout. Le suspens est tenu en laisse, et la bride est savamment lâchée de temps en temps pour nous donner envie de tourner les pages encore et encore jusqu’à la dernière.

Du début à la fin, tout est intelligemment construit et ça a été un vrai plaisir à lire. L’autrice sait comment nous prendre dans ses filets. On pourra lui reprocher une écriture un peu simple mais elle est efficace. En tout cas, j’ai passé un bon moment de lecture ! C’est un thriller qui se lit vite et bien et c’est exactement ce que je cherchais.

Les imposteurs, de John Grisham

📚 Résumé :

À leur arrivée dans leur école de droit, Mark, Todd et Zola voulaient changer le monde, le rendre meilleur. Mais aujourd’hui, alors étudiants en dernière année, les trois amis s’aperçoivent qu’ils ont été dupés. Ils ont contractés de lourds emprunts pour financer des études dans une école qui n’est qu’une vulgaire usine à fric, un établissement de troisième zone dispensant un enseignement si médiocre qu’à la sortie, personne, ou presque, ne pourra réussir l’examen du barreau, et encore moins trouver un travail décent. Et quand ils découvrent que leur école, comme d’autres, appartient à un financier de New York qui tire les ficelles dans l’ombre et a aussi dans son escarcelle une banque spécialisée dans les prêts étudiants, les trois amis comprennent qu’ils ont été pris dans la « Grande arnaque des écoles de droit ».

Mais il existe peut-être une échappatoire, un moyen de se libérer du joug de cette dette écrasante, de révéler les magouilles de cette banque, et même de gagner quelques dollars au passage. Pour ce faire, toutefois, ils doivent quitter l’école. Bien sûr, abandonner ses études si près de l’examen final est une folie. Pourtant, dans leur cas, cela pourrait être une preuve de sagesse…

🖋 Mon avis :

J’avais déjà lu Grisham, il y a bien longtemps, 25 ans peut-être, en commençant par La firme. Adolescente, j’avais trouvé ce livre excellent et n’avais pas été étonnée de le voir adapté. Ici, on prend la même recette et on recommence. Mais ça me plaît moins… Alors attention, il y a de bons ingrédients et le rendu final n’est pas mauvais ! Je suis peut-être simplement moins réceptive aujourd’hui.

Grisham nous emmène avec lui au coeur du système universitaire américain et y dénonce l’envolée des frais de scolarité, les prêts étudiants et leurs conséquences désastreuses. L’auteur décide de prendre le sujet et de le tirer à l’extrême. Ici, nous ne verrons pas la version édulcorée des campus, mais le stress de leurs étudiants et le risque que cela entraîne. Endettés à hauteur de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de dollars à peine sortis du lycée, c’est le quotidien de ces étudiants des facs de seconde zone que nous suivons. Le sujet est vraiment intéressant et c’est ce qui m’a fait tenir.

J’ai moins accroché au style un peu facile et sans grande envergure. Et au reste de l’histoire. Je ne veux pas trop en dire donc je m’arrêterai là mais tout m’a semblé trop gros. Toutefois, je sais que ce roman trouvera son public. Et, comme pour beaucoup des autres titres de l’auteur, je pense qu’il sera adapté sur grand écran et que dans quelques années, on le retrouvera un dimanche soir à la télé. En bref, si vous avez aimé L’affaire Pélican et La firme, allez-y !

Pour finir, je tiens à remercier très chaleureusement les éditions JC Lattès ainsi que NetGalley de m’avoir fait confiance en me permettant de découvrir ce titre.